Je n’avais encore jamais eu l’occasion de lire un titre signé François Bégaudeau alors que j’ai souvent vu des articles sur ses romans. Je l’ai vu aussi à « La Grande Librairie » de mémoire, mais point de passage à l’acte, il y a toujours tant à lire. Donc quand j’ai vu passer cette opportunité pour la rentrée littéraire de 2018, j’ai un peu sauté dessus.
J’ai cru me casser les dents lors des premières pages. C’était assez lourd et j’ai eu quelques craintes. L’écriture m’a paru très ambitieuse, trop même. J’étais prête pour de la littérature, mais pas comme cela. Désagréable sensation de douche froide qui heureusement n’a pas duré.


Petit à petit, je suis rentrée dans l’histoire que l’auteur voulait me narrer. J’ai reconnu des faits, une sérieuse impression de déjà vu est née, mais impossible de remettre les véritables noms en place. Légèrement frustrant, mais cela n’est guère important. C’est mon côté légèrement (complètement) maniaque.
J’ai pris mes marques avec les divers protagonistes. Certains ne m’ont pas intéressé plus que cela, enfin disons que je n’étais pas attirée vers eux. C’est comme dans la vie réelle. Vous êtes assez naturellement tourné vers des personnalités, des genres qui vous plaisent, fascinent, intriguent, aimantent… et d’autres au contraire ne vous correspondent pas. Certes, en faisant un pas en avant plutôt qu’en arrière, possible que les choses changent, évoluent, mais soyons honnête, on le fait rarement pour de bonnes et aussi de mauvaises raisons.
Sinon pour en revenir aux protagonistes de « En guerre », certains m’ont aussi plu (Romain, Louisa et Cristiano, les principaux en fait). J’ai apprécié les découvrir et pas seulement pour leurs qualités. Leurs défauts étaient souvent encore plus intéressants. Forcément cela nous renvoie un peu à nous et tout n’est pas joli-joli. Là encore, comme dans la vie bien réelle car l’écriture de François Bégaudeau est très réaliste, parfois presque trop. C’est presque plus un documentaire qu’une fiction.


Notre société, ses codes, son fonctionnement même absurde, tout y est avec des incursions dans le jeu des politiques, le monde économique, sa réalité qui broie tant de personnes car tout est forcément lié. Cela forme un tout où personne ne peut en sortir vraiment vainqueur. On y laisse obligatoirement des plumes, voir la vie.
Vraiment beaucoup de thématiques au final sont abordées et cette foison donne le tournis. Le style aussi de l’auteur ne facilite pas toujours les choses. C’est dense, cela ne s’arrête jamais encore et toujours comme l’existence. Même si on meurt, la Terre ne s’arrête pas de tourner pour autant.


Assurément ce roman n’est pas une comédie ou plutôt si, mais bien grinçante. L’existence n’est que comédie, jeu de dupes, d’influences, de pouvoir, d’ascendants jusqu’à ce que l’on quitte la partie, mais il y a toujours de nouveaux joueurs donc point encore de Game Over.

Emeralda
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le 11 sept. 2018

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