Cri(se) d'humanité
Les Norek, je ne les achète qu'à Quais du polar, voyez ça comme un genre de tradition personnelle. J'ai donc en l'occurrence patienté six longs mois en me bouchant les oreilles aux (nombreuses)...
Par
le 23 avr. 2018
11 j'aime
On doit déjà à Olivier Norek un premier roman, « Code 93 », remarqué par la critique, puis « Territoires », « Surtensions » qui ont mis en place le Capitaine Coste et son équipe et le dernier en date, « Surface ». Incontestablement, « Entre deux mondes » confirme cet auteur devenu un incontournable dans l’écriture policière. Sans doute parce que, Policier lui-même, il n’invente rien des procédures, il les habille simplement des personnages croisés ci et là qu’il réunit en une seule histoire pour les besoins de l’enquête. Il est aussi indispensable parce qu’il nous oblige à chausser une paire de lunettes à double foyer. L’un pour voir au loin les dérèglements du monde qui engendrent les migrations. L’autre, pour voir de près, très près, la réalité des gens de chez nous qui, à la fois supportent les conséquences économiques, sécuritaires et psychologiques d’une jungle comme Calais et qui, pour certains et malgré ces dernières, se mobilisent, malgré cette zone de non-droit, pour aider ceux qui y survivent et leur offrir un minimum de dignité.
On lit donc « Entre deux mondes » pour l’excellent polar qu’il est mais aussi pour la réflexion humanitaire qu’il apporte. Le lecteur a dans les mains un livre fort, noir, violent, réaliste, le témoignage qu’un espace de tendresse est possible pour faire renaître les fleurs d’espérance dont nos dunes ont tant besoin.
L’écriture de Olivier Norek est directe, simple, efficace. Elle soutient parfaitement le rythme tantôt haletant du thriller qui voit se précipiter les menaces, les orages, les coups durs et les représailles qui le sont tout autant, tantôt plus lent, comme étirant le temps long de l’attente d’un changement espéré, d’une réponse qui confinerait au rêve secret qu’on ose formuler.
Loin de tout manichéisme de mauvais alois, Olivier Norek signe, avec « Entre deux mondes », un thriller palpitant autant qu’une chronique de notre temps. Un auteur à découvrir et à suivre, assurément. « Surface » (2019) est sur ma pile !
Créée
le 21 mars 2020
Critique lue 638 fois
5 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur Entre deux mondes
Les Norek, je ne les achète qu'à Quais du polar, voyez ça comme un genre de tradition personnelle. J'ai donc en l'occurrence patienté six longs mois en me bouchant les oreilles aux (nombreuses)...
Par
le 23 avr. 2018
11 j'aime
Un roman qui vous ouvre les yeux, vous brise le cœur et vous laisse muet ! Le lieutenant Bastien Miller vient juste d’être muté à Calais. Il arrive avec ses illusions, ses idées et sa famille. Il va...
Par
le 8 oct. 2017
11 j'aime
On doit déjà à Olivier Norek un premier roman, « Code 93 », remarqué par la critique, puis « Territoires », « Surtensions » qui ont mis en place le Capitaine Coste et son équipe et le dernier en...
le 21 mars 2020
5 j'aime
2
Du même critique
La chevauchée tragique de la Mort qui pousse à vivre. La Mort qui s’approche, s’accroche, fait peur, étouffe, éloigne, rapproche. La Mort qui force Charlotte Salomon, juive allemande, à devenir sa...
le 20 nov. 2014
18 j'aime
4
À travers « L’AMOUR ET LES FORÊTS », paru chez Gallimard en 2014, je découvre l’auteur Éric REINHART. Belle découverte ! Bénédicte Ombredanne est une lectrice de cet auteur. Ayant apprécié son...
le 27 févr. 2015
17 j'aime
4
« L’art de perdre » écrit par Alice ZENITER est la troublante histoire du silence de deux nations conduisant à la perte de paroles, donc de mémoire, de trois générations, celles d’Ali, Hamid et...
le 7 nov. 2017
14 j'aime