"Je ne crois pas que nous ayons compris à ce moment-là ce que signifiait cette nouvelle légitimation de la guerre par le rétablissement du règne du droit. Du moins pour les démocraties dont nous étions le bras armé. (...) En fait, cette modification profonde des raisons de la guerre entraînait, pour nous, un changement de nature : ne poursuivant plus l'intérêt national spécifique mais visant simplement à rétablir le droit, les armées devenaient des forces de police."
"...Illusion qu'un engagement militaire peut d'abord être une réponse à une indignation de l'opinion publique ou à une sommation de la communauté internationale..."
"Il ne faut pas nous envoyer à la bataille en imaginant que nous pourrions ne pas avoir à combattre. Ou que nous pourrions ne combattre que modérément, avec la retenue qui sied à nos pudeurs de démocrates. Un soldat ne peut pas se lancer dans la terrible mêlée sans être happé par cette exigence, puissante, du déchaînement de la violence."
"Un soldat ne peut avoir qu'une cause sacrée et il ne peut s'agir du triomphe de la démocratie ou du rétablissement du droit. Il ne peut même pas s'agir de la lutte contre le terrorisme. Nous ne pouvons tuer que pour la France. Tuer en son nom. Sans le salir. Tuer le moins possible, (...) en respectant l'ennemi que nous devons regarder comme une personne de dignité égale à la nôtre."