S'il ne fallait reconnaître à ce roman qu'un atout, c'est d'avoir dépoussiéré le personnage et le mythe du vampire. Oublié le vieux compte hongrois dans son glacial château des Carpates. Bienvenue aux vampires mondains, dandys aux dents longues qui, tout immortels et suceurs de sang qu'ils sont, ne négligent ni leur apparence, ni leur intérieur et flânent dans les salons à la mode.

Ceci étant dit, je ne me suis pas éclaté à la lecture de ce roman car le narrateur et personnage central est d'une tristesse à moucher les chandelles. Louis le vampire vit son immortalité comme une malédiction et répugne à devoir tuer pour vivre. Il se pose des questions existentielles auxquelles son mentor, Lestat, n'est pas en mesure de répondre. Le même Lestat qui, cynique, cruel ou simplement attaché à son pupille lui « offre » une petite compagne en vampirisant une enfant de 5 ans (qui gardera toujours cette apparence, même quand elle aura un siècle d'existence). La cruelle petite peste décide rapidement de couper les ponts en assassinant ledit Lestat puis entraine Louis dans un voyage au long cours à la recherche d'autres vampires pour obtenir des réponses à leurs questions. En soi, ce voyage initiatique serait intéressant si Louis ne ressassait son mal être à longueur de pages.

Je trouve également que la forme choisie par l'auteur (un entretien avec un journaliste qui, croyant interviewer un gogo qui se prend pour un vampire, se retrouve en tête à tête avec un authentique vampire) est sous exploitée. L'interviewer se laisse souvent déborder par Louis qui avec sa mémoire d'éléphant parvient à restituer, à la virgule près, des échanges qu'il a eus avec Lestat ou d'autres près de 200 ans plus tôt ! Le format de l'entretien n'apporte pas au roman le rythme escompté.

Le seul côté un peu rafraichissant du roman est la lecture gay qu'on peut en faire. Il y a en effet dans la relation des vampires mâles un rapport dominant-dominé très sexuel tandis que la femme vampire est souvent un personnage castrateur, dangereux, jaloux et grosso modo à éviter (et je schématise, faute de mots justes).

Mais ces quelques réjouissances n'ont pas suffi à me faire aimer un roman globalement long et bavard. Cela dit, je pense que c'est essentiellement le personnage de Louis qui m'a rendu la lecture pénible et c'est pour çà que j'ai quand même envie de lire la suite, dont le narrateur est Lestat...
rivax
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le 15 juil. 2012

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rivax

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