La Barbade est l'un de ces pays caribéens que l'on qualifie volontiers de paradisiaque. Cela, c'est bien évidemment l'avis des touristes, en quête de mer céruléenne, de végétation luxuriante et d'autochtones souriants (hum). Mais pour les natifs de l'île, la vie est rarement un lit de roses, notamment pour Lala, l'héroïne de Et d'un seul bras, la sœur balaie sa maison, le premier roman rageur et très noir de Cherie Jones, aux accents de tragédie grecque, situé sous le soleil exactement. Pas question de remettre en cause le talent de l'autrice, au style bien affirmé (et la traduction est plus qu'à la hauteur) mais le livre, avec son caractère choral et ses temporalités comme mélangées dans un robot mixeur, ne cesse d'accumuler et d'embroussailler le récit, selon une manière de faire qui semble devenue la norme dans la fiction contemporaine. Ou autrement dit, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? C'est dommage parce que derrière cette sophistication narrative exagérée, qui a tendance à rendre tout confus, il y a beaucoup de bonnes choses dans le roman, du point de vue des intrigues elles-mêmes mais aussi dans le portrait accablant de son île que délivre Cherie Jones : violence masculine atavique, perte d'identité, soumission à la manne touristique avec tout ce que cela comporte en matière de prostitution, d'inégalités sociales et de désir de s'échapper de ce paradis, qui l'est surtout pour les autres, ceux qui viennent d'ailleurs.


Un grand merci à Calmann-Lévy et à NetGalley.

Cinephile-doux
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le 30 août 2021

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Cinéphile doux

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