Oui, Olivier Adam écrit parfois avec de gros sabots. Oui, ça manque parfois gravement de nuance politique. Oui, ça peut manquer de lyrisme. Et oui, pour qui connaît l'auteur, on retrouve des motifs récurrents et on devine bien vers quelle trajectoire tout ça va aller.


Et pourtant, j'ai trouvé ce roman terriblement prenant et mélancolique. Trois amis d'enfance, trois trajectoires. 40 ans, de 1985 à 2025, racontés de façon chronologique, à travers les regards de deux des trois membres de ce trio. De la banlieue parisienne et des rêves d'avenir, aux déceptions, réussites, petites et grandes galères, petites et grandes peines. C'est une fresque sociale et sentimentale, un portfolio romanesque qui trouve ses racines dans des familles de classe moyenne en banlieue sud parisienne. Ca ne parlera peut-être pas à tout le monde. Pour ma part, nombre de situations, paragraphes, phrases, ont fait écho en moi.


Et paradoxalement, même si je suis persuadé que ce roman parlera à certains lecteurs comme il m'a parlé, son écriture a probablement été un travail très personnel (et cathartique ?). Il y a tellement de traits en Paul (un des trois amis du trio) qui ramènent sans cesse à l'auteur. Le personnage apparaît plus ou moins comme un double romancé d'Olivier Adam. Et à travers ce personnage, il ne s'épargne pas, se permettant même de mettre en abîme ce procédé en procédant à la critique de ce qu'on devine être sa production littéraire passée. On retrouve aussi plusieurs thématiques traitées de manière récurrente dans ses précédents romans.


Mais même en mettant ce dernier point de côté, toute cette histoire, ces gamins issus de la classe moyenne, qu'on voit grandir, se soutenir parfois, errer dans leurs vies et souvent se planter, parfois après avoir essayé des années, c'est juste...triste. Les romans d'Olivier Adam ne sont pas connus pour être gais et joyeux, mais celui-ci, je l'ai trouvé vraiment terrassant.

Ouais, je crois que c'est pour ça que ce livre m'a tant plu : ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman aussi triste. Pas une aventure épique et tragique, pas un drame éprouvant et atypique. Mais la tristesse ordinaire. Celle qui n'a pas besoin de grands effets de manche pour toucher. Celle qui prend sa source dans la lutte quotidienne pour ne pas avoir la tête sous l'eau et garder l'espoir.


GuillaumeJ90
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le 24 août 2025

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