Comme presque toujours, on entre de plain-pied dans le dernier roman d'Olivier Adam avec l'impression que son intrigue va en dire autant sur nous que sur lui, l'homme et l'écrivain. Dans le trio qu'il met en scène dans Et toute la vie devant nous, l'un d'entre eux est à l'évidence un double du romancier, et Adam ne s'épargne pas beaucoup, à travers son personnage frappé du syndrome de l'imposteur et accusé par ses proches de nourrir sa prose de la vie des autres, comme un vulgaire vampire. Ce n'est là qu'un des aspects d'un livre qui engage émotionnellement très vite avec ses deux gars, une fille, inséparables depuis leurs jeunes années. Le récit commence 40 ans en arrière, dans cette périphérie parisienne si souvent décrite par l'auteur et remonte progressivement le temps, jusqu'à nos jours. Seuls deux des trois protagonistes s'expriment, à tour de rôle, mais le troisième larron, personnalité inflammable, est on ne peut plus présent, avec ses failles et ses mystères. La nostalgie est plus que jamais ce qu'elle a été et pour ce trio, une partie de leur existence future se joue dès l'adolescence, avec un accident dramatique qui les soude à jamais. D'autres secrets, individuels, ceux-là, se révèleront, au fil des jours, entamant l'harmonie de ce triangle aux contours amoureux. Au-delà de la perte des illusions, des échecs professionnels et des déboires sentimentaux, c'est un vibrant hymne à l'amitié qu'a écrit Olivier Adam, dans un livre dans lequel il reprend nombre de ses motifs familiers, mais comme réinventés ou réorchestrés dans un style simple et fluide qui constitue sa marque. Certains passages illustrent sans doute trop lourdement ce que le romancier pense des mœurs de notre époque actuelle et de ses dérives, de même qu'il sème beaucoup de noms d'artistes pour délimiter les différents temps qu'il fait traverser à ses héros, mais c'est un reproche mineur, devant le flux absorbant de sa narration et de l'immense empathie qu'il inspire vis-à-vis de ses personnages ballottés par la vie et ses aléas.

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le 23 août 2025

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