2015 n'a pas marqué le début de la vague de migrants et de réfugiés (de réfugiés donc) que l'on connait aujourd'hui, pas plus que cette année n'a marqué le début de tous les combats pour leur accorder une place décente chez nous. Mais c'est l'année où le grand public a pris conscience qu'on ne pouvait pas juste ignorer le problème. C'est aussi l'année où des images terribles ont marqué de manière indélébile les esprits. C'est l'année où la politique et les peuples ont commencé un terrible bras de fer, l'un tentant de fléchir les autres à grands coups de populisme fascisant, les autres mobilisant leur attention et leurs moyens (hélas pas encore assez) pour tenter de comprendre et régler la situation.


Et dans cette démarche, les enfants sont les premières victimes. Victimes de la politique, qui les prend en otage : nous devons penser à nos enfants avant de penser à des enfants noyés dans la Méditerranée. Nous ne sommes pas responsables, et nous ne devons pas en devenir les victimes. C'est le discours dominant de la droite, qui s'est peu à peu muée en extrême-droite pour solidifier sa base électorale. Mais les enfants sont aussi victimes des images, des idées, de cette violence incessante et inarrêtable. Comment grandir avec des principes, quand on voit les "grandes personnes" faire exactement le contraire de ce qu'ils disent ? Comment croire au partage, à la solidarité, à l'existence même de la société humaine ?


Dans ce contexte, un livre comme Eux, c'est nous, mis en place par un collectif de très nombreuses maisons d'édition jeunesse, est une chose importante.


On dira que le contenu est léger (bien que soutenu par un texte de Daniel Pennac et les dessins à l'humanisme enfantin de Serge Bloch, quand même), mais je pense que c'est passer à côté du projet de ce livre, qui est de transmettre le plus directement possible et avec un discours respectueux, et pas gagatisant, comme c'est souvent le cas lorsque certains veulent s'adresser aux enfants, les concepts essentiels du débat. Eux, c'est nous, c'est l'absence de distinction entre ceux qui viennent et ceux qui sont déjà là, mais c'est aussi virer tous les faux-semblants, et aider les enfants à entrer dans le débat.


Une lecture importante, qui peut être instructive aussi pour des adultes. N'est-ce pas à cela qu'on reconnait un bon livre jeunesse ?

Antevre
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le 18 oct. 2017

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