Fahrenheit 451 par Octobell
Fahrenheit 451 fait partie de ce que je considère comme le « trio dystopique incontournable », avec 1984 et Le meilleur des mondes. Trois romans aux univers futuristes similaires, critiques acerbes de notre société viciée.
Fahrenheit 451 parle de la culture. La littérature, surtout. De cette société accro au « très vite » et « très court », cette société embourbée dans sa consommation, son bonheur superficiel et sa nécessité de faire partie d’un groupe de gens uniformes, transparents, invisibles au milieu des autres, et qui surtout, ne se parlent pas, ne s’écoutent pas, ne se regardent pas.
Montag, le héros du roman, évolue au milieu de cet univers dont sa femme est la plus parfaite représentante. Bradbury ne tergiverse pas en introduction interminable, et l’histoire commence tout de suite, lorsqu’en rentrant du travail, Montag rencontre Clarisse McClellan, qui lui apprend à ouvrir réellement les yeux sur le monde. S’en suit l’amorce du changement pour le héros, qui se retrouve confronté à son patron et sa femme et décide de mener sa rébellion littéraire en compagnie d’un exilé, Faber. Mais il est rapidement dénoncé et poursuivi par ceux qui étaient autrefois ses amis, avec le soutien du monde entier qui regarde sa fuite à travers sa télé.
Ce qu’il peut y avoir d’étonnant dans ce livre, c’est l’étonnante actualité du propos, quand on sait qu’il a été écrit en 1953. En le lisant, j’avais complètement l’impression de me retrouver dans notre monde de transparence, de facebook, de boîte, de télé-réalité et d’indifférence à la culture. On est tellement proches de ces « murs-écrans » décris dans Fahrenheit qu’on se demanderait presque comment les autodafés n’ont pas encore commencé. Les amoureux de littérature ne pourront que se retrouver dans le personnage du pompier Montag, qui désespère d’ouvrir les yeux de son entourage.
Toute l’histoire se passe dans un temps très court, quelques jours à peine, et la simplicité du style encourage à une lecture rapide du livre, plutôt court au demeurant. L’écriture de Bradbury, riche en images, comparaisons, métaphores, apporte une vision très claire de l’environnement et des pensées de Montag. C’est donc une plongée en immersion totale au cœur de l’esprit même du héros. On vit en même temps que lui, avec lui, on pense avec lui, on court avec lui, on est lui. C’est ça aussi qui fait que Fahrenheit n’est rien d’autre qu’un grand classique de la littérature.
Fahrenheit, à l’instar de 1984 et Le meilleur des mondes, a une forte portée philosophique, bourré de passages cultes et de phrases percutantes, et il est impossible de refermer le livre sans réfléchir à notre condition, notre société, sans avoir un peu peur pour notre avenir. Le genre de livre qu’on a envie d’élever au rang de manifeste ! Aimez la culture, lisez Fahrenheit 451 !