le 29 juin 2025
Le retour de l'enfant prodigue
Un petit voyou, un peu souteneur, un peu arnaqueur et un peu instable arrive désargenté dans la petite ville de son enfance en compagnie d’une ex prostituée.Le décor parfait de Simenon pour y tirer...
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Au début du roman, lors de la mise en place du personnage principal, le lecteur se demande où Simenon veut nous amener. C’est ce début énigmatique qui retient notre attention : René Chevalier désargenté arrive par le train dans la petite ville de son enfance en compagnie d’une prostituée. Que veut-il ? Pourquoi revenir dans la ville de son enfance ? Quel est son plan ? Ses motivations ?
Progressivement on découvrira que René Chevalier, qui se fait appeler René de Rittter, a un lourd passé d’arnaqueur, auquel s’ajoute une mythomanie et des qualités de conteur et de hâbleur qui lui permettent de manipuler les gogos qui l’écoutent. C’est un personnage sombre et complexe qui cherche à se prouver à lui-même qu’il vaut mieux que les autres. Cela se traduit par une volonté de domination, un orgueil démesuré et une soif de revanche.
Au fil des pages et des rencontres que fait René Chevalier dans les faubourgs de sa ville natale, se constitue un portrait de moins en moins sympathique. Le retour de l’enfant prodigue s’avère un peu pitoyable comme le sont les membres de cette petite ville. Dans son désir de revanche, René Chevalier finit par se perdre (et nous aussi) et ne plus savoir vraiment ce qu’il veut (nous non plus).
Denis Tillinac a écrit un livre « Le mystère Simenon » (non répertorié par Sens Critique !) où il analyse l’œuvre de Simenon. A propos de la terminaison des livres de Simenon, il écrit : « Il [Simenon] n’est délivré qu’au terme du dernier chapitre – celui du dénouement. Il ne l’a ni prévu ni imaginé ; il s’impose à lui avec la force idiote de l’évidence. »
Le problème ici, dans « Faubourg », c’est que la fin est plutôt ratée. Elle vient subitement sans véritable construction. C’est vrai que Simenon n’est pas adepte de construction psychologique mais ici, le dénouement, la fin de l’histoire, l’acte ultime de René Chevalier, tombe un peu artificiellement, comme si Simenon ne savait plus quoi faire de son personnage. Peut-être, pour rejoindre Denis Tillinac, ce personnage lui a-t-il échappé ? Qu’il agit de son propre chef ? On sentait que le héros de ce livre se perdait dans ses plans et ses stratégies de puissance, on sentait chez lui une certaine autodestruction à l’œuvre – et c’est tout le talent de Simenon de nous l’avoir suggéré – mais le coup final n’est pas raccord avec cela. C’est le principal reproche à faire à ce livre. Comme un faux pas final.
Petite analyse avancée à ce sujet (Attention Spoiler !) :
Quand René Chevalier tue l’étudiant Pellet qui accompagne Léa la prostituée, on peut se dire que c’est par jalousie (lecture superficielle). Mais il faut se rappeler que cet étudiant est décrit par René Chevalier comme lui ressemblant quand il avait lui-même dix-huit ans. Cela revient à souligner le caractère autodestructeur de René Chevalier.
Créée
le 18 juil. 2025
Critique lue 8 fois
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