Ce second volume prolonge l’effort de déconstruction des clichés historiques entamé dans le premier tome. Il explore la lente structuration du monde féodal, marqué par une fragmentation du pouvoir royal au profit des principautés, et une montée en puissance de l’Église, désormais omniprésente dans les sphères spirituelles, sociales et politiques.
L’ouvrage met en lumière les tensions entre clercs et laïcs, moines et évêques, princes et rois, dans un jeu d’équilibres mouvants où la guerre devient un outil de légitimation, et la réforme grégorienne un levier de centralisation religieuse. L’émergence des valeurs chevaleresques, la codification des conflits, et la construction de châteaux participent à une culture aristocratique en quête de prestige et de contrôle, à mettre en parallèle avec les nombreuses rénovations et constructions d’églises dans la même période.
La société se complexifie : les trois ordres s’affirment, les villes amorcent leur renaissance, les métiers se structurent, et les savoirs circulent grâce aux écoles et aux écrits latins. L’Église, en quête d’un monopole du sacré, impose ses normes, notamment sur le mariage, la morale et l’hérésie, tout en renforçant son emprise territoriale et idéologique. Le tout est également marqué par une croissance de la population, portée par les progrès des techniques agricoles et une amélioration du climat.
Cependant, j’ai trouvé la lecture moins fluide que d’habitude. Le texte, par moments, s’apparente à une liste d’événements, de dates et de noms de lieux, ce qui nuit à la clarté du propos et à la dynamique narrative. Cela peut rendre l’immersion plus difficile, surtout pour les lecteurs non spécialistes.
Malgré cela, le volume reste fidèle à l’esprit de la collection Belin : rigoureux, documenté, et soucieux de dépasser les lectures idéologiques et d’actualiser avec les dernières recherches. Il rappelle que l’histoire féodale est un processus lent, fait de compromis, de ruptures partielles, et de reconfigurations constantes, loin des visions simplistes d’un Moyen Âge figé ou brutal.