Mon premier roman de l'autrice. J'ai plutôt bien aimé.

Sur un campus chic, Genna, descendante d'une famille patricienne, se prend d'amitié pour Minette, étudiante boursière noire.

On ne tarde pas à comprendre que l'amitié entre les deux jeunes femmes est à sens unique, puisque Minette n'en veut pas, et que Genna y projette essentiellement son sentiment de culpabilité et sa solitude, qui ont beaucoup à voir avec l'enfance délaissée qui a été la sienne entre des parents gauchistes révolutionnaires passablement irresponsables.

Progressivement, Minette est la cible d'actes malveillants... Et je n'en dirai pas davantage, car l'intrigue est assez réussie, qu'elle constitue une partie du plaisir (immédiat) du texte et qu'il serait dommage de gâcher le suspense.

D'une façon plus générale, j'ai apprécié l’ambiguïté qui se dégage de ce récit, avec une morale très littéraire (donc passablement amorale) : il n'y a pas de bons et de mauvais, mais des sentiments d'agressivité, de haine, qui sont déplacés, méconnus, qui ne seront dépassés peut-être qu'après que l'histoire aura enfin été racontée honnêtement. Mais on ne le saura pas vraiment, car c'est la toute fin du livre, qui se referme sur une lecture hypothétique. Il y a également une discrète satire de la bien-pensance et de l'hypocrisie de la bourgeoisie de gauche qui n'est pas à négliger aujourd'hui, ce d'autant qu'elle n'émane pas, pour une fois, d'une plume de droite.

Ce que j'ai moins aimé : le référentiel freudien assez prévisible, les longueurs, ces longueurs étant grandement liées à un côté américain dans la narration, je veux dire "creative writing", suspense, "page turner", dont je ne suis pas très adepte, parce qu'il me semble que c'est la construction des personnages qui devrait primer. Or, les personnages étant justement assez bien campés, je ne vois pas l'intérêt d'étirer le récit à ce point pour lui donner un "twist" final qu'on a, tout de même, compris d'assez loin.

Mais c'est un bon livre. Si j'en trouve d'autres de J. C. Oates sur mon chemin, je les lirai.



Glueklicher
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le 6 juil. 2025

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