Gains
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Gains

livre de Richard Powers (1998)

Richard Powers résume volontiers son dernier roman en une phrase : « c’est l’histoire d’une collision… ». Faute de bolide, la collision en question est celle de deux « créatures » comme il tient à les appeler : Laura Brodey, 42 ans, agent immobilier dans une bourgade de l’Illinois et les frères Clare, deux jeunes entrepreneurs du… 19ème siècle ! Les chapitres alternent, d’un côté le projet des frères Clare se développe à vitesse grand V – d’une petite boîte qui produit des pavés de savon à une multinationale comptant des dizaines de milliers d’employés (d’où Gains) – de l’autre, Laura apprend qu’elle est atteinte d’un cancer des ovaires. Bien sûr, le lien n’est pas innocent…

L’histoire de Powers, auteur américain de 55 piges, est elle-même une jolie collision : celle d’un physicien geek devenu programmateur informatique avec la littérature. BANG. Powers fête ses 28 ans avec le splendide « Trois fermiers s’en vont au bal » et voit sa vie changer du tout au tout. Il plaque la blouse et les lunettes de protection pour imaginer des romans hautement toxiques en matière littéraires. Ce sera The Gold Bug Variations ou Galatea 2.2, entre informatique, génétique et intelligence artificielle. Surtout, il développe un style de story-teller unique qui lui vaudra le National Book Award en 2006.

Gains, son épopée savonneuse sortie aux USA en 1998 est aussi une grande histoire du capitalisme. La vie de l’entreprise y est même souvent plus passionnante que celle de Laura, sa victime. « Ça n’est pas pour autant cynique, précise-t-il, bien sûr que les espoirs et les peurs de travailleurs sur deux siècles nous paraissent plus palpitant que la vie d’une femme ordinaire. C’est même l’idée centrale du livre. On pense toujours que la beauté n’existe qu’à un niveau individuel mais tenter de la capter à travers ses milliers d’hommes est un superbe challenge pour un écrivain ».

Plus fort, Powers glisse entre ses chapitres de courtes publicités fictives qui retracent le parcours commercial de la firme. « Laura a une voix, dit-il. La firme, elle, s’exprime en quelque sorte à travers ses publicités. J’ai passé de longues heures à fouiller dans les vieux journaux pour retrouver le style et les valeurs de ses anciennes campagnes. J’ai appris énormément ! ». Et si l’essentiel des profits de Gains allaient avant tout à son lecteur ?
bilouaustria
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le 12 oct. 2012

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