Un incipit assez particulier. Où se situe la part de merveilleux ? La part de poésie ? La part de folie ?
"Geai était morte depuis deux mille trois cent quarante-deux jours quand elle commença à sourire. (...) Nous sommes en hiver. Geai est prise sous les glaces, à deux centimètres de la surface. Depuis combien de temps son sourire lave-t-il les eaux noires de Saint -Sixte -impossible à dire. On ne peut commencer à dire quelque chose de la puissance de ce sourire qu'avec la venue d'Albain, huit ans, trop jeune pour avoir reçu l'enseignement de Geai, pour l'avoir connue de son vivant. Geai a cligné de l'oeil en le voyant."
J'ai aimé ce livre mais je suis perplexe.
Il peut être interprété de deux façons différentes en fonction de si on le lit avec des yeux d'enfant ou des yeux d'adulte.
En effet Albain part un jour se promener et il rencontre le corps d'une femme enfermé sous la glace. Cette femme lui sourit. Il retourne souvent pour la voir. Intriguée, une camarade de classe lui demande un jour si elle peut venir avec lui et là, stupeur Albain est le seul à voir Geai. "Le père de Prune rend visite au père d'Albain. Dîtes donc votre fils est connu comme rêveur, il ressemble à sa mère soit dit en passant, mais ce n'est pas une raison pour raconter des histoires morbides à ma fille et l'emmener dans un traquenard. La prochaine fois je porte plainte."
Le petit Albain a 8 ans. Il est considéré comme rêveur par les gens du village, petit village d'Isère où il habite. De de rêveur il va ensuite passer pour un idiot puis pour un fou.
Albain est il capable de voir des gens qui sont morts et d'entretenir une discussion avec, ce qui nous fait basculer dans un roman merveilleux voire mystique? Ou alors Albain est totalement fou et voit des choses qui n'existent pas, s'enfonçant dans son monde jusqu'au moment où il va rencontrer le véritable amour qui va le faire revenir à la raison
"Albain a quelque chose en plus. Il voit Geai. Il est le seul à la voir. Les morts ne sont pas si morts que ça. On pourrait dire la même chose des vivants. On pourrait dire que les vivants ne sont pas si vivants que ça. Personne ne tient vraiment dans une boîte d'allumettes grand format avec une étiquette soigneusement calligraphiée fixée dessus : ici les morts, là les vivants"