Hayley était prête pour un dernier entraînement intensif avant le grand jour. Dans quelques semaines se déroulerait le World Junior Girl Championship de Dallas, tournoi de golf amateur au cours duquel seraient repérés les futurs professionnels. Sur le départ pour rencontrer son coach, sa vie d’adolescente s’effondre : elle a surpris son petit ami avec une jeune fille moins… farouche. Rester sur place pour régler ça et renoncer au tournoi ? Non, elle partira quand même. Cet enfoiré attendra et la donzelle ne perd rien pour attendre. Pour s’assurer de ne pas craquer, elle dépose son portable chez sa meilleure amie et, le cœur lourd, elle prend la route. Si son père n’accorde pas tellement d’importance à la carrière qu’elle miroite, sa mère, elle, y croyait et lui a très tôt donné les moyens de réussir. Pour elle, elle se doit d’aller jusqu’au bout.
Hayley est toute à ses ruminements quand le capot de la voiture se met à fumer… et à fumer tant et plus. Première sortie, elle quitte l’autoroute, quelqu’un va devoir la dépanner. La chance semble revenir lorsque Norma, sympathique mère de famille, propose de tracter sa voiture jusqu’à chez elle et d’aviser. Mais on se doute bien que ça va partir en vrille, parce qu’un peu plus tôt dans le roman, on a croisé Tommy. Il était en train d’éviscérer un chien dans un ancien abattoir (j’ai lu ce passage en diagonale : dépecer un homme si vous voulez, mais ne vous avisez pas de marcher sur la queue du chat, ça me rend malade), et il n’en était pas à son coup d’essai. À première vue, rien ne relie les personnages, alors qu’en est-il ? L’auteur laisse au lecteur le temps de se poser des questions et balance le truc tout à trac. L’effet recherché n’en est que plus réussi. On suit les unes, puis l’autre, et l’une, et l’autre, et psychologiquement, c’est assez éprouvant. Chaque chose qui se produit semble en entraîner une autre, et le battement d’aile du papillon va déclencher un tsunami. Les personnages, à leur place dans leur rôle, progressent en demi-teinte et sèment un trouble certain. Qui sont les vrais méchants ? Y en a-t-il, d’ailleurs ?
Les 730 pages passent vite, si ce n’est les passages entre rêve/cauchemar/réalité avec lesquels j’ai eu un peu de mal. C’est un procédé qui a tendance à me couper dans mon élan. Cela dit, Helena est un bon roman, qui n’hésite pas à venir gratter les plaies qu’on croyait cicatrisées : méfiez-vous des infections.