Parmi la production conséquente qui constitue l’œuvre de Joseph Kessel, « Hong Kong et Macao » constitue clairement une œuvre particulièrement mineure. Racontant son voyage entre les deux comptoirs occidentaux aux portes de la Chine continentale, il évite peu les écueils de ce type de récit.
On juge toujours à l’aune de son corpus de valeurs, de son environnement habituel, mais on est habitué avec Kessel à une appréciation plutôt lâche de ces invariants, l’auteur étant un grand voyageur, qui plus est issu d’influences multiples.

Ici, entre la comparaison permanente entre les deux territoires, et la facilité d’essayer d’en déduire des conclusions systémiques ou civilisationnelles sur la Chine, le Portugal ou l’empire britannique, on est face à une analyse un peu décevante, certainement à cause des attentes projetées sur un homme de ce calibre. Ceci étant, on est bien loin de l’européano-centrisme colonial ou du touriste club med, et il lui arrive de capter l’ambiance et la vérité de certaines quartiers de Hong Kong et de Macao.
Les anecdotes sont intéressantes (l’histoire du baume du tigre en particulier mérite le détour), mais au fil des visites, passages obligés, et de certaines caricatures, on s’ennuie malheureusement un peu dans plusieurs passages, toutes les histoires apportées par les guides-amis de l’auteur n’étant pas de la même qualité, ou du même intérêt.

Reste alors le témoignage d’une époque, et c’est peut-être là que le bât blesse finalement. La période de son voyage est finalement soit trop tardive (loin des fantasmes et de l’excitation des années passées) soit pas assez, le renouveau n’ayant pas encore eu lieu. Le défaut sera donc pour Kessel de ne pas avoir réussi à magnifier le témoignage de son passage, vraisemblablement à cause d’une époque qui ne s’y prêtait pas.
Intéressant mais parfois ennuyeux, du coup parfaitement dispensable, « Hong Kong et Macao » n’est pas un mauvais livre, mais tant qu’à lire du Kessel autant se tourner vers ses romans qui fourmillent d’œuvres autrement plus intéressantes et importantes que ce récit de voyage.
CorwinD
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le 4 déc. 2014

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