Revenir sur l'audio livre d'Hypérion quelques années après la première lecture de l'intégral des Cantos, c'est comme la première dégustation d'un millésime à la coopérative vinicole du coin, d'abord ça excite, puis c'est la débauche.
C’est l’histoire d'un mec, nan de sept mecs, sept pèlerins plus précisément, qui traversent la galaxie pour rejoindre les Tombeaux du Temps situés sur la planète Hypérion, elle-même située en bordure de l'hégémonie, un endroit aussi fascinant que flippant, gardé par une créature assoiffée de sang, le seigneur de la douleur. Un être le quasi-mystique, tout de chrome vêtu, ultra-violent et hérissé de piques mortelles qui se fait appeler le Gritche (Shrike en VO) par la plupart des hégémoniens de la galaxie. Chacun des voyageurs a une histoire à raconter, une raison d’être là. Le roman prend la forme d’un récit choral, chaque voix se déployant tour à tour, comme un recueil d’aveux. C’est à la fois une quête, une confession collective et une mosaïque qui finit par dessiner la gigantesque toile d'une araignée malicieuse. Ce qui revient sans cesse, c’est John Keats, le poète né au 18e siècle. Simmons le convoque comme une obsession, au point que le roman ressemble parfois au rejeton inachevé du poète : un texte hybride, entre SF, poésie et philosophie. Par moments, ça sonne comme un roman sacré, par d’autres, comme un patchwork stylistique. Mais de mon point de vue cela marche parfaitement, car chaque voix, chaque pèlerin, apporte quelque chose de singulier et nous interroge sans cesse sur nos propres choix, que dis-je, obsessions. Au final, Hyperion impressionne par sa construction et la richesse de ses personnages, même si Simmons en fait parfois trop avec les néologismes et les technologies qui peuvent paraître tantôt vieillissantes, tantôt rafraîchissantes comme le tapis Hawking, littéralement un tapis volant. Les différents thèmes abordés sont aussi relativement nombreux : I.A, transhumanisme, différence, amour, religion, contrôle, et le fait qu'ils soient soigneusement disséminés au grès des récits rend la lecture plus digeste. Aussi, ce premier tome ne saurait exister pleinement sans sa suite, La Chute d'Hypérion, c'est mon avis mais aussi celui de l'auteur , "Ô toi, achète mon livre et tu auras les réponses que tu attends". Pour finir si j’ai enlevé un point à ma note, c'est par principe au vu des propos haineux et racistes que Dan Simmons a pu avoir par la suite. Sinon je recommande clairement cette œuvre dans son ensemble, ce qui inclus les tomes 3 et 4 d'Endymion.