Ambiance tout aussi poisseuse que dans le film, ce livre d'un rare pessimisme sur la "marche de l'histoire" nous offre en peu de pages une immersion totale sur la planète Ankara, dans un monde féodale croupissant peuplé de personnages sordides, de veilles légendes exotiques, de cloaques putride où notre Héros Roumata se démène. Roumata : terrien, humaniste et noble de ce monde purin, envoyé par la Terre et son institut d'histoire pour observer l'Histoire.
Malgré les apparences, ce n'est pas tant le féodalisme dont il est question(et qui sert ici de décor) que le sempiternel retour du fascisme, en particulier l'exercice de la cruauté des uns sur les autres. Le roman laisse peu de place à l'espoir où tout retourne inéluctablement s'enliser dans la boue.
Le récit est enchâssé entre un prologue et un épilogue se passant "ailleurs", un ailleurs qui m'a fait l'effet d'un paradis innocent ou l'Histoire serait le "jeu" d'enfants Dieu, ou leurs "regrets" lorsque passé l'enfance ils ont compris qu'il n'y pourraient jamais rien.
C'est efficace, immersif, morbide et fataliste mais on peut aussi y trouver sinon de l'espoir un peu de poésie !