You must believe in spring


« Il voudrait l’avoir déjà fait, être déjà en mesure de penser ce qui vient. Tout ce qu’il faudra mentir. Et construire, et reconstruire ».


L’homme, musicien de jazz, partage sa vie entre l’enfant qui s’avère mature, très futé et le groupe dans lequel il joue.Cet homme s’apprête à jeter le cadavre de la mère de son fils à l’à-pic des falaises d’Etretat. Le bébé dort dans son couffin . Ce fils, cause indirecte de leur dispute.


Cet enfant, le narrateur l’aime et s’en occupe depuis le début. La mère, après un déni de grossesse, refuse l’enfant et ce n’est pas un simple baby blues, la cause en est certainement plus profonde.


Bon, maintenant, il faut agir car l’enfant a besoin d’une personne qui l’aime pour l’élever, c’est la raison pour laquelle il ne se dénonce pas


De retour à Paris dans la même nuit, il prévient les autorités de la disparition de sa femme un o deux jours plus tard. L’enquête, certainement un peu bâclée -elle est majeure et a le droit de disparaître- conclut à une fugue. Maintenant, il doit vivre avec ce secret enfoui mais toujours affleurant, toujours présent.


Une dizaine d’année plus tard, on lui annonce que sa femme pourrait être dans une communauté genre hippie en Bavière. Coup de massue pour lui qui sait… Pourtant, il doit faire comme si et les voilà partis pour Mindelheim. La route est longue et l’enfant aimerait savoir maintenant « L’enfant maintenant veut savoir. Espérer, peut-être. Quitte à ne pas comprendre ce qu’il y a à espérer. Car c’est une plaie, l’espérance. On s’y brûle les lèvres et l’âme, et après ça, notre goût à vivre s’amenuise ». « Tu l’avais rencontrée où ? » et le père de raconter, revivre cette belle rencontre, cet amour gai, envahissant de bonheur.


La quête est, bien sûr, veine et les mène également à Cork en Irlande où ...


Deux lieux, deux rencontres féminines importantes. Mado, la serveuse bavaroise qui a séduit père et fils, surtout le fils. A Cork, c’est une avocate française et l’amour est fou, charnel. En grande confesseuse des turpitudes de ce monde, elle voit, dans le récit du jazzman, la vérité vraie.


« You must believe in spring », traduction du père : "Ça veut dire que, derrière les nuages, il y a toujours du soleil. Toujours du bleu au fond du noir". Après la rencontre avec ces deux femmes et, peut-être la confession non avouée, le jazzman se sent non pas libéré, mais le droit, la possibilité d’une nouvelle vie.


La fin du livre, ouverte m’amène à imaginer les deux pistes et….


Ce que j’apprécie chez Marc Villemain, c’est la possibilité d’écrire sur des univers différents (ceci est ma chair, Il y avait des rivières infranchissables) voire opposés son plaisir de jouer avec le langage. J’aime son impertinence, son irrévérence, son écriture fine, sensuelle, son plaisir de jouer avec le langage qui lui permet de passer facilement du poétique au cru.


J’ai bien sûr, en suant sur ces quelques mots, écouté You must believe in spring et je voyais un papillon voleter sur les touches blanches et noires du piano tant c’est léger et véloce, mais je n’y connais rien… je me contente d’aimer et d’écouter, en voiture, les CD de mon mari.


« Une bonne histoire c’est comme un bon standard… Tu n’es pas obligé d’exposer le thème d’emblée, tu peux aussi l’introduire, l’annoncer... », définit bien le cheminement de ce roman.

zazy
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le 28 déc. 2023

zazy

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