Je suis allergique à la science-fiction, j’ignore pourquoi mais mon cerveau décroche au moindre nom de planète inconnue, à la plus anodine mention d’une civilisation extra-terrestre et à partir de là, impossible pour moi de raccrocher les wagons.


En revanche je suis une grande amoureuse de la nouvelle. Cela m’attriste qu’en France ce genre littéraire soit boudé, car il demande une extrême rigueur de la part des auteurs et se révèle bien plus difficile à maîtriser que les lecteurs ne semblent le penser. Un grand auteur de nouvelles est un immense auteur tout court !


Frédéric Livyns m’a conseillé de lire ce recueil de Southeast Jones ; comme il a eu raison, comme il me connaît bien !


Le style de Southeast Jones est d’une limpidité incroyable. La langue est belle, d’une grande maîtrise, d’une évidente pureté. Les dialogues sont précis, concis, vivants et rythment parfaitement le récit lui offrant de véritables accents d’authenticité.


Les thèmes abordés dans ce recueil nous amènent immanquablement à nous poser de nombreuses questions, sur l’humanité, sur le devenir de notre monde, sur la mort, la religion quelle qu’elle soit… A chaque histoire il est nécessaire d’entrer en réflexion sur ce qui nous a été donné à lire et ça, c’est précieux.


Au départ, je m’étais dit que je ferais un petit récapitulatif de chaque nouvelle mais très vite je me suis aperçue que cela risquait de trop en dévoiler. Après tout l’un des grands plaisirs de ma lecture a été de ne pas savoir où l’auteur voulait nous emmener, partir en sa compagnie vers des horizons lointains, très lointains…


J’ai eu peur, j’ai pleuré, j’ai espéré puis renoncé à croire, j’ai été horrifiée, j’ai ri, j’ai rêvé aussi… Ce recueil est une condensé de sentiments.


En outre, le plus difficile dans cet art exigeant du récit court est la capacité de transmettre en quelques pages des émotions complexes et de réussir ses fins. Et cela Southeast Jones sait parfaitement le faire. Non seulement même ses histoires les plus courtes sont tout en profondeur mais il alterne les fins à twist et les fins ouvertes qui permettent au lecteur de tout imaginer. Chaque page nous surprend, chaque ligne, mieux chaque mot, est pensé et choisi.


Je suis allergique à la science-fiction mais Southeast Jones a réussi à m’émerveiller.


Ce recueil m’a bluffée en me sortant de ma zone de confort et de certitude. Pas seulement parce qu’on y trouve une bonne dose d’anticipation et que parfois il flirte avec le fantastique mais aussi car il m’a ouvert l’esprit sur un genre que je fuyais jusqu’alors. Je vais lire Sept morts à vivre car je veux pouvoir transformer cet essai.


Et n’oubliez jamais : un grand auteur de nouvelles est un immense auteur.


Bibliographie


2019 : Sept morts à vivre (recueil de nouvelles). (Autoédition) Rêveur d’étoiles


2018 : Monde lent (nouvelle) co-anthologiste in Souvenirs du futur. Éditions des Artistes Fous.


2017 : Mon dragon et moi (nouvelle) in Secrets de dragons (anthologie) Association Calliope-Alsace.


2016 : Le temps des moissons (nouvelle), co-anthologiste in Mort(s), 18 mauvaises nouvelles, Éditions des Artistes Fous.


2016 : Il sera une fois… (Recueil de nouvelles) Séma Éditions


2015 : Les enfants de nos enfants (nouvelle), co-anthologiste in L’Homme de demain, Éditions des Artistes Fous.


2014 : Trip (nouvelle) in Robots, Éditions de la Madolière.


2014 : Jour gras (nouvelle), co-anthologiste in Folie(s), Éditions des Artistes Fous.


2014 : Denis Noodle et le sexe (nouvelle) in Les contes roses vol.1, Éditions des Artistes Fous.


2013 : Grand Veille (nouvelle) in Créatures, Éditions de la Madolière.


2016 : Jonas, Notre-Dame des opossums (nouvelles), co-anthologiste in Sales Bêtes !, Éditions des Artistes Fous.


2012 : Émancipation, Clic, Contrat,… (nouvelles), co-anthologiste, in Fin(s) du Monde, Éditions des Artistes Fous.


2008 : Rétrocession (nouvelle) in Géante Rouge 10.

ValerieDufourd
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le 4 nov. 2019

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