En pélerinage avec un académicien...
Il n'y a pas à dire, quand on a une plume, on peut tout écrire avec brio, même l'indicible ! C'est à cet exercice que s'est essayé, avec une jouissive réussite, l'académicien Rufin, en tâchant de raconter son pèlerinage vers St Jacques de Compostelle, expérience qui, de son propre aveu, ne lui avait laissé que peu de souvenirs précis, rien en tout cas qui semblât digne d'être raconté.
Et, en effet, point de descriptions lyriques ni minutieuses, mais une ambiance, un étonnant travail de la mémoire qui a retenu l'essentiel de ce chemin. Pour des marcheurs, dont je suis, comment ne pas être sensible à ce texte pétri de vérité, de naïveté, de justesse, bref, de simplicité vraie ? On se retrouve dans ces lignes, dans les détails comme dans les généralités, on apprécie cette langue, ce français simple et juste, on marche à côté de Rufin, on est avec lui, on est lui.
Un roman dévoré, avalé, comme des kilomètres faits sans trop savoir pourquoi, si ce n'est l'étonnante, étrange et inexplicable résonance avec soi...