On retrouve bien dans Jane Eyre cette atmosphère si particulière des campagnes anglaises du XIXème siècle : tout du moins, on y retrouve quelque peu l'écriture de sa sœur, qui a produit le torturé mais bouleversant Wuthering Heights. Bien sûr, Jane Eyre parait plus édulcoré puisque finalement l'histoire se termine bien. Sans pour autant être un conte de fées naïf, il s'agit selon moi d'un récit optimiste sur la condition féminine de l'époque : encore une fois, une soeur Brontë prouve que l'on peut être une femme au XIXème siècle et être un personnage haut en couleurs, tout à fait intéressant, cultivé, désintéressé et pas nécessairement désireux de faire un mariage arrangé, ce qui est pourtant la norme à l'époque. Définitivement plus empreint de religion que le roman d'Emily, il peut toutefois paraître plus desuet et frivole, et pourtant les quêtes et préoccupations des personnages ont tout d'actuel : peut-on réellement faire fît des préoccupations sociales par amour ? Peut-on d'autoriser à aimer quelqu'un qui n'est pas de la même échelle sociale que vous ? Peut-on accepter un mariage sans amour, pour le bien de la communauté ? Charlotte Brontë a signé ici un romain poignant et humain dont l'héroïne fait preuve d'une analyse fine sur le monde qui l'entoure et les règles qui le codifient, tout en étant en quête d'une certaine indépendance et témoignant d'une profonde responsabilité vis-à-vis de ses choix. Encore une fois, la littérature britannique nous offre un roman à l'intemporalité indiscutable, en plus d'un témoignage historique réellement intéressant sur la vie et la société en Angleterre au XIXème siècle.