Avec Jayne Mansfield 1967 Simon Liberati livrait un portrait en forme d’oraison funèbre à une star déchue, sex symbol des années 50 qui, de mauvais films en mauvaises fréquentations, a terminé sa vie dans un accident de voiture, dans la nuit du 29 juin 1967. Elle avait 34 ans et sa «carrière» se limitait pour l’essentiel à des prestations plus ou moins déshabillées dans des cabarets de province... La force du roman, c’est de concentrer toute sa puissance descriptive sur cet accident, particulièrement spectaculaire, qui fit trois autres morts: le chauffeur de l’actrice, son amant du moment et l’un des quatre chihuahuas dont «l’artiste qui se faisait appeler Jayne Mansfield» (selon l’expression de Liberati) ne se séparait jamais. Avec une froideur clinique et un luxe de détails puisés à de multiples sources (photographies, rapport de police, articles de journaux), le romancier décrit les événements qui suivirent le moment fatal où la Buick Electra 225 qui conduisait l’actrice de Biloxi à La Nouvelle-Orléans s’encastra sous le châssis d’un semi-remorque. Puis Liberati remonte aux heures qui ont précédé l’accident et esquisse un tableau virtuose et distancié de la vie désaxée de Jayne Mansfield, cette «blonde explosive» (titre de l’un de ses moins mauvais films) que sa plastique généreuse aura desservie, la faisant passer pour une pin-up blonde forcément stupide et superficielle, alors qu’elle parlait plusieurs langues et prétendait avoir un QI de 163. L’excellent «ciné-roman» de Liberati lui rend un semblant de justice posthume.

SteinerEric
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le 22 sept. 2025

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Eric Steiner

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