Poésie de la violence, semble-t-il, du deuil également, ou peut-être de l'éloignement par la force : s'il est certain que la poétesse partage son affliction, son lyrisme est par trop intime pour résonner comme un chant universel. Les images sont jolies, mélancoliques, de celles qui surgissent de la gorge d'une héroïne de tragédie ; Roja Chamankar est cette Phèdre souffrant de l'absence de l'être aimé, lequel « devien[t] poème, [son] commencement » dans la plupart des textes de ce recueil, mais elle est déjà trop loin dans sa douleur, hors de portée du lecteur qui, ayant beau tendre la main et tendre l'oreille, ne peut pénétrer tout à fait dans cette « chambre noire ».