Voici un roman au format particulier.
Le récit est centré sur le conflit le plus emblématique des États-Unis : la guerre de Sécession, aussi appelée outre-atlantique : the Civil War. Conflit le plus meurtrier que le pays ait connu à ce jour, il représente un traumatisme qui n'a pas encore été surmonté, comme nous l'a encore montré l'actualité de ces dernières années.
Là où ce roman est particulier, c'est véritablement dans sa forme. Outre un cheminement chronologique de fort bon aloi, le conflit nous est retracé par le biais de lettres, rédigées par certains des protagonistes les plus en vues, ou de témoignages / dépêches de personnes plus ou moins anonymes.
Alors on pourrait me rétorquer : "Oui, bon, c'est bien joli, mais les romans à base de témoignages / courriers, c'est pas nouveau non plus ! En quoi est-ce original ?"
Et en effet, on aurait raison. Le roman épistolaire n'a rien de nouveau. Ce qui fait l'originalité ici, c'est que le roman mêle la pure fiction à la documentation historique. Car les courriers précédemment évoqués, notamment ceux de la main des généraux nordistes ou sudistes, sont des traductions de leurs courriers originaux !
Mais la partie fictionnelle est là également, quand Del Soccoro choisit de faire interagir Lincoln avec un avatar de la Mort, ou quand il imagine des personnages féminins qui s'engagent dans les forces armées de l'un ou l'autre des belligérants.
Car comme souvent dans les romans de Del Soccoro, la cause féministe est présente, et les personnages féminins émancipés également.
On se retrouve donc face à une œuvre hybride, qui n'est cependant pas pour autant une uchronie. En effet, le déroulement du conflit est scrupuleusement respecté, et aucune surprise ou retournement de situation n'est à attendre de ce côté là pour qui ne connaîtrait pas bien ce conflit.
L'ensemble est cependant plaisant et je me suis régalé à sa lecture. le format très court de certains chapitres (les lettres surtout) pousse à lire toujours plus tant on a l'impression que "ça va, j'ai pas tant lu que ça".
Après, j'ai aussi conscience que si cela a tant fonctionné pour moi, c'est que la guerre de Sécession est une vieille marotte personnelle, et que ce roman n'a fait que remettre une pièce dans le juke box.