Non, Daniel Tammet n’est pas un faucon maltais, ni une buse, c’est un autiste atteint par le syndrome d’Asperger, de surcroît caractérisé par des capacités hors-normes, notamment calculatoires. Tammet maitrise dix langues étrangères, est capable d’en apprendre une et de la parler couramment en une semaine ; il a été capable de restituer les 22500 première décimales de Pi après les avoir apprises… Vous avez désormais une idée des capacités du bonhomme.


Son ouvrage se présente comme un « témoignage », ce n’est pas un roman mais l’histoire d’un autiste à la Rain Man raconté par lui-même, car Tammet a la chance de ne pas avoir de déficience mentale associée comme c’était le cas pour le personnage brillamment incarné par Dustin Hoffman, ce qui lui permet de nous expliquer de l’intérieur ce qu’il est, comment il vit, comment il raisonne. Car son cerveau ne fonctionne pas comme celui du commun des mortels : pour lui, les mots ont des couleurs, les nombres des formes, des couleurs et des « personnalités » propres. Ce sont justement les nombres qui l’aident à se détendre, à s’endormir. Il nous présente ses caractéristiques, ses difficultés de concentration et de communication, et l’on apprend qu’il a du mal à regarder quelqu’un dans les yeux, à comprendre et à réagir aux émotions des autres, qu’il a peur du bruit et de la foule, qu’il s’angoisse dès que l’on sort de la routine, etc.


Tammet nous raconte ainsi son parcours, comment il est progressivement parvenu à être autonome, à avoir un métier et une vie amoureuse. Il explique avoir écrit ce livre pour aider les autistes de haut niveau à mieux vivre leur autisme, à savoir qu’une vie riche et heureuse ne leur est pas impossible ! Il revient ainsi sur son enfance, sa première année durant laquelle il n’a quasiment pas cessé de pleurer. A deux ans, il se cognait régulièrement la tête sur le mur, peut-être pour se calmer. Puis il devint paisible, et même solitaire, avant de subir des crises d’épilepsie, bien soignées toutefois. Plus tard arrivera le sentiment de solitude, le besoin et la difficulté d’avoir un ami. Par la suite, différentes expériences en tant que jeune adulte lui permettront de progresser vers l’autonomie. Expériences ou jeux popularisés par des médias excités de pouvoir exploiter les capacités de cette sorte de « singe savant », même si Daniel Tammet ne semble pas le vivre comme ça.


Dans cet ouvrage, tout n’est pas passionnant, il y a aussi pas mal de banalités, mais c’est un témoignage intéressant et surtout un message d’espoir pour tous ceux qui se sentent très différents, car Daniel Tammet veut montrer qu’il est possible d’être autiste calculateur, asperger, homosexuel ET heureux. On peut croire aux contes de fées, et il est évident que ce qui nous est narré ici n’est qu’une trajectoire, probablement unique, mais Daniel Tammet donne quand même un horizon possible à tous ceux qui se sentent différents, et ce n’est pas rien. Merci à lui !

socrate
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le 10 oct. 2015

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socrate

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