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livre de Murasaki Shikibu (1010)

Que de magnificence, mais que d'incompréhension!

Que de magnificence, mais que d'incompréhension ! Les couleurs, les caractères, les noms, les rangs se succèdent sans pour autant fuser. Même à travers le prisme de la traduction on ressent le profond raffinement de l'écriture de Shikibu mais aussi du monde qui l'entoure. Certains éléments confirment les opinions que l'on peut se faire du Japon du XIe siècle, à savoir le profond cérémoniel qui empreint autant la tenue que les événements. Mais d'autres nous font découvrir un peu plus de légèreté, comme un peu de lest lâché dans l'étiquette, certes, on s'épie, on n'est à l'abri du regard de personne, mais, dans une certaine mesure, on se mélange et l'on a une certaine liberté d'action.
Cependant, pour un néophyte en matière de Japon médiéval, l'ordonnancement des espaces et la signification de certains rites sont déroutants. Malgré la description extrêmement précise qu'en fait l'auteure, il est parfois difficile de se figurer les espaces ou la superposition des robes. Ces passages sont si précis que l'auteure semble s'effacer derrière eux pour ne revenir qu'en filigrane ou plus franchement dans d'autres. On peut alors tracer les contours d'une personnalité effacée et très consciente du regard des autres qui porte le sien avec plus ou moins de merci sur son entourage. Tantôt elle critique tantôt elle explique et c'est ce même regard qu'elle porte sur sa propre situation. Tentant de ne pas se laisser aller à la mélancolie, elle est néanmoins consciente de la précarité de sa situation. Vieillissante pour l'époque, avec la retraite religieuse comme seule porte de sortie malgré ses relations, insignifiante malgré l'appréciation qu'ont les grands de son dit, elle s'interroge. Si les interrogations sont plus franches au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la personne, celles-ci nous révèlent l'ambiguïté de la position d'une auteure à cette époque. Il ne lui est nullement interdit d'écrire et l'empereur a lui-même accès à ses écrits. Mais cette pratique de la littérature doit rester dans un cadre précis. Aux femmes on relègue les caractères phonétiques plutôt que les caractères chinois et l'auteure cache presque qu'elle lit ces derniers.

louiseg2112
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le 25 avr. 2022

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