Stephen King est souvent très bon lorsqu'il s'éloigne du fantastique. Le corps, la Redemption de Shawshank, un élève doué, Dolorès Claiborne, Misery,...en sont quelques exemples. Joyland fait partie de cette catégorie d'histoire typiquement Kingienne, ou la simplicité du sujet, cache les plus beaux morceaux de littérature du bonhomme.

Je tiens à préciser que si vous voulez lire Joyland en espérant une intrigue forte et originale, passez votre chemin, ce bouquin n'est pas pour vous. King torche véritablement une intrigue bateau, avec ficelles faciles, et dénouement un peu moyen. Mais ça n'a pas d'importance, car le sujet du livre est ailleurs.

Joyland est un récit initiatique, un coming of age story comme disent les english. C'est également une histoire d'amour, du premier amour, de la première grande déception. Une histoire d'amour déçu donc mais qui évite toujours de tomber dans le romantisme niais. Ce qui fait tout le sel de ce récit, c'est que l'histoire de ce jeune homme de vingt-et-un ans nous est racontée de sa perspective lorsqu'il en a soixante. Cela ajoute évidemment une dimension cynique, désabusée un peu triste aussi. King avait déjà utilisé cette technique dans le corps, où c’était un personnage vielli qui racontait l'aventure de ces quatre garçons, ce qui explique sans doute les rapprochements qu'on fait entre ces deux histoires. Le livre me fait également un peu penser dans sa relation ironique entre deux époques, entre deux âges, à IT.

King écrit avec Joyland un livre très tendre,et très triste. On ne peut manquer de rire jaune de toute l'ironie de ce titre: "Joyland"; le pays de la joie. Pas vraiment, non... C'est comme le clin d'oeil d'un King vieilli, à qui on ne la fait plus... J'ai réellement été touché par la manière dont King exprime ce mélange d'espoir juvénile, et du sourire doux-amer de la vieillesse regardant son passé.

Peut être que quelques phrases que j'ai relevé vous donneront une meilleure idée de l'ambiance du récit que cette tentative d'explication qui commence à devenir trop longue.

"Quand t'as vingt et un ans, la vie est nette comme une carte routière. C'est seulement quand t’arrive à vingt-cinq que tu commences à soupçonner que tu tenais la carte à l'envers... et à quarante que t'en as la certitude. Quand t'atteins les soixante, alors là, crois-moi, t'es définitivement largué."

"Tu penses Okay, j’ai pigé, je suis préparé pour le pire, mais tu t’accroches à ce petit espoir, tu vois, et c’est ce qui te fout en l’air. C’est ce qui te tue"

"Je ne suis pas sure que quiconque soit jamais passé complètement au dessus de son premier amour, et qu’il continue à te miner. Une part de moi veux encore savoir ce qui n’allait pas chez moi. De quoi je manquais."

"S’agissant du passé, on écrit tous de la fiction"

Un excellent King donc, à placer à coté de Duma Key, et de Dôme dans ses récents efforts, et qu'on peut relier sans rougir à des récits de la qualité de ses longues nouvelles comme le corps, et la Rédemption de Shawskank dans Différentes Saisons,
Un livre qui est vraiment très bon, même avec sa grosse intrigue bidon, que tout "constant reader" se doit de lire de toute urgence(Vas-y San Felice! Le prochain King que tu dois lire, c'est celui-là), et que même ceux qui n'aiment pas plus que ça King pourraient apprécier.
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Samu-L
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le 19 juil. 2014

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Samu-L

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