Le roman de Kasuo Ishiguro raconte l’histoire de Klara un robot, doté d'une certaine forme d'intelligence et qui est programmé pour jouer le rôle d'une Amie Artificielle, une sorte de compagnon pour adolescent. Comme un doudou pour se sentir en sécurité et protégé.

Ce robot nous est présenté dans une première partie assez intéressante. L’auteur choisit la première personne du singulier, et le « je » de Klara fait que le lecteur s’identifie peu à peu et prend possession de Klara. Avec elle nous posons un regard innocent et neuf sur tout ce qui l'entoure, sur les comportements des uns, les expressions des autres. Avec elle on s’interroge sur certaines coutumes qui nous sont présentées et apparaissent comme étranges.

Klara a pour obsession le soleil car elle en a un besoin vital pour fonctionner et donc pour « vivre ». Une obsession qui la pousse à considérer le soleil comme une divinité et qui la conduit à avoir un rapport mystique avec lui.

Le problème du livre c’est qu’à partir de l’adoption de Klara par Josie, notre intérêt et notre empathie pour Klara retombe sérieusement. Les rapports entre Josie, Rick, leurs parents, l’évocation des éléments qui constituent ce monde extérieur (qui ne sont qu’évoqués et jamais précisés), tout ceci s’avère assez ennuyeux. Kasuo Ishiguro ne réussit pas à nous intéresser, d’autant que tout ceci est écrit assez platement. C’est le cas de la scénographie concernant la pensée magique dans la tête de Klara (qui, du coup, s’avère crédule et peu renseignée sur l’ordonnance des planètes pour une Intelligence Artificielle…) qui est sûre qu'en faisant un pacte avec le Soleil au travers d’un culte naïf, elle réussira à guérir Josie. Au-delà de la première partie, l’ennui gagne. Pire que cela : on n’éprouve rien au sujet des diverses gesticulations des personnages.

Il n’y a que le dernier chapitre pour nous émouvoir quelque peu.

Et qui confirme que Klara n’est en fait qu’un doudou. En grandissant Josie « dépose » Klara dans le Cagibi, tel le doudou qu’on finit par remiser au placard. Comme tous les jouets, elle s’éteindra et/ou finira à la casse (dans la Cour). Sans que rien ne nous soit expliqué quant à son "déclassement".


Un livre qui ne réussit pas à maintenir l’intérêt suscité au début. Peut-être aussi parce que l’auteur ne va pas jusqu’au bout de son idée ; après tout, nous sommes dans un roman de SF, or Kasuo Ishiguro, jamais ne nous donne une idée exacte de cette société futuriste, de ses règles, des communautés qui s’affrontent et de leur pourquoi. Ce qui aurait pu maintenir peut-être notre attention.

philipperbs
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le 11 juil. 2025

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Philippe Erbs

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