Bien avant que ne germe la belle idée d’un monde où les hivers peuvent durer trente ans comme deux semaines, George R.R. Martin prenait déjà goût à créer de toutes pièces un univers merveilleux régi par ses propres règles. Ici, plus question d’un pays meurtri par la royauté, place à l'espace et à ses innombrables planètes.


L’intrigue vous la connaissez peut-être, c’est celle d’un homme, Dirk t’Larien qui reçoit un appel de son ex-compagne, qu’il perçoit comme un appel à reprendre leur relation. La jolie Gwen n’est pas si en détresse que ça puisqu’elle est accompagnée par deux kavalars, un peuple humain plus primitif aux règles bien définies. Tout ce beau monde est réuni sur la planète Worlorn, monde déserté dont la course l’éloigne peu à peu du soleil, et donc de la vie.


Ce qui fait la force de « L’agonie de la lumière », c’est bien évidemment Worlorn. Vraie star du livre, elle se dévoile de plus en plus profonde et complexe, de plus en plus fascinante. Quatorze cités qui représentent autant de colonies humaines, autant de meurs différentes. Evidemment, toutes ne bénéficient pas du même traitement, certaines ne sont que rapidement citées. Mais quelques-unes, en particulier Kryne Lamiya, Défi et Larteyn, sont décrites minutieusement de façon à ce que le lecteur ait l’impression de les avoir visitées. On ne peut que saluer l’imagination débordante de George R.R Martin, qui a pensé à de telles merveilles d’architecture.


Concernant les peuples de colonies, seul un se démarque. Il s’agit du peuple kavalar, dont les mythes, us et coutumes ont été pensés au détail près. Jaantony Vikary et Garse Janacek sont de loin les personnages les plus intéressants de l’histoire, car ils sont portés par des idéaux qui leur sont chers, compréhensibles par le lecteur qui ne peut cependant pas totalement adhérer à leur façon de penser, car trop différente de la nôtre.


À côté d’eux deux, bien fades paraissent Dirk et Gwen, héros classiques bien que pétris de défauts autant que de qualités, ce qui les rend profondément humains.


Si vous cherchez à découvrir de nouvelles vies, de nouveaux mondes, ce livre est fait pour vous ! Adeptes d’action et d’intrigue bien ficelée, réfléchissez-y à deux fois.


Non pas que George R.R Martin ait perdu ses talents de conteur, c’est juste que les aventures de Dirk et de Gwen comportent de nombreux temps morts. Pardonnable sur un tome de 1000 pages ayant plusieurs suites, c’est plus difficile à accepter sur un roman unique de 400 pages. Après un prologue compliqué où l’on sera obligé de se référer au lexique à chaque ligne, l’histoire de Dirk commence immédiatement et sans prélude. [À partir de là et jusqu'à la fin du paragraphe ça spoile un peu mais pas méchamment] Jusqu’à la rencontre avec Lorimaar il ne se passe à vrai dire pas grand-chose. J’ai vu la demande de duel comme le début de l’intrigue. Pourtant, et malheureusement, celui-ci est annulé et les déambulations de Dirk et Gwen sur la planète abandonnée continuent. Heureusement, Papy George a conclu avec cent dernières pages haletantes, que j’ai dévorées à toute allure ! Dommage que la conclusion ait été trop précipitée.


Ainsi, si « L’agonie de la lumière » doit être lu, que ce soit par les admirateurs de Martin, par les adeptes du « Trône de Fer », ou par les fana de science-fiction, c’est surtout pour le plaisir de se plonger dans un monde inédit où tous les détails ont été pensés. Davantage pour la découverte que pour l’aventure.

mewnaru
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le 29 sept. 2015

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