L'Amérique que nous voulons

Résumé : C'est un essai engagé dans l'actualité la plus immédiate : Krugman préconise et annonce un « virage à gauche » de grande envergure aux États-Unis. Mais c'est aussi un rappel décapant de l'histoire vraie de l'Amérique depuis 1930, et une implacable critique des idées reçues.Un virage à gauche, cela s'est vu sous Franklin Roosevelt, avec le New Deal. En quelques années, les démocrates ont imposé fortement les riches, réduit les écarts de salaires, fourni aux travailleurs des prestations sociales, du pouvoir d'achat et du pouvoir tout court, notamment syndical. La Grande Dépression a été suivie d'une Grande Compression (des revenus, des conditions de vie) : c'est cela, et non l'« évolution naturelle » du marché, qui a fait de l'Amérique au sortir de la Seconde Guerre mondiale un pays plus égalitaire et plus prospère.Cette Amérique indestructible a pourtant sombré. Les raisons de ce naufrage sont éclairées ici avec précision : l'une des principales est la volte-face du Sud, passé brutalement aux républicains lorsque lesdémocrates s'en sont pris à la ségrégation raciale. La Grande Compression a disparu comme elle était apparue, par action volontariste d'un pouvoir politique – cette fois d'extrême droite. En multipliant les cadeaux fiscaux aux super-riches, en laissant stagner les salaires, en réprimant les syndicats, des présidents comme Ronald Reagan et George W. Bush ont déclenché une grande divergence des revenus qui a ramené l'Amérique aux années 1920 : « et nul ne croyait qu'une société de ce type pûtréapparaître un jour – sauf qu'aujourd'hui elle est là », écrit Krugman.Mais la dynamique conservatrice s'épuise, une Amérique mécontente aspire à une société plus égalitaire. Devenus majoritaires dans les deux Chambres du Congrès, les démocrates visent laprésidence. Pour Krugman, la rupture avec la logique de Bush et des néoconservateurs doit être totale : il s'agit d'instaurer un nouveau New Deal.