Le postulat de départ de Frédéric Encel, essayiste et géopolitologue, avait de suite attiré mon attention : présenter sous format épuré et concis 32 stratèges et 32 batailles, afin de souligner leur dimension stratégique.


Loin d'un traité en bonne et due forme, plus proche d'une compilation d'articles Wikipédia, L'art de la guerre par l'exemple ne parvient pas à convaincre une fois refermé. L'idée de base était bonne. Rassembler des personnages et des batailles ayant marqué l'histoire militaire par leur génie ou leur audace stratégique (qu'elle soit politique, militaire ou simplement symbolique), afin d'atteindre une certaine exhaustivité, avait de quoi susciter bien des intérêts, mais aussi bien des attentes.


En effet, dans un ouvrage relatif à la stratégie, on s'attend à trouver au moins des exemples détaillés, des anecdotes, des grands principes dégagés à partir d'un engagement. L'art de la guerre par l'exemple y parvient difficilement. Les grands traits tactiques et stratégiques sont dégagés et soulignés, mais chaque personnage et bataille n'étant détaillé que sur une moyenne de 3 pages, l'analyse reste trop superficielle. Prenons l'exemple de la bataille de Stalingrad. Sa description sommaire ne permet pas d'en apprécier tous les tenants et aboutissant. Il n'est pas fait mention avec précision des opérations Saturne, petite Saturne et Uranus, ni de l'art opératif soviétique, véritable dimension intermédiaire entre tactique et stratégie. De même, lors du récit de la bataille d'Azincourt en 1415, défait française cinglante, il n'est pas fait mention de la charge d'Ysembart seigneur d'Azincourt, attaquant le camp anglais par l'arrière avec une troupe de paysans, faisant craindre alors une prise à revers au roi anglais, qui donna donc l'ordre d’exécuter les prisonniers faits lors de l'engagement frontal afin que ceux-ci ne se rebellent pas. Loin d'être une simple anecdote, cet épisode de la bataille montre justement que la fougue, l'impétuosité et la témérité chevaleresques, responsables de la défaite, ont faillit être contrebalancées par une manœuvre sur les arrières de l'ennemi.


Néanmoins, je donne la moyenne à cet ouvrage, car il a le mérite d'éclaircir certaines batailles à un lectorat néophyte, tout en lui faisant découvrir des personnages comme Hassan Ibn Saba, père des fameux "Assassins", le chevalier de Folard et Guibert, des théoriciens français du XVIIIe siècle peu connus du grand public ou encore des batailles célèbres par leur symbolisme mais qui retrouvent ici leur véritable déroulement, carte à l'appui pour certaines, à la manière de la bataille de Poitiers en 732, longtemps considérée comme le coup d'arrêt d'une invasion alors qu'il ne s'agissait que d'une razzia, ou encore Valmy en 1792, qui fut plus une canonnade qu'une véritable bataille rangée.


Cet ouvrage est donc avant tout une introduction que je conseillerais davantage à ceux et celles qui aimeraient se cultiver ou disposer d'un premier aperçu du domaine de l'histoire militaire ou de la stratégie. Pour les autres, passez votre chemin, il existe de nombreux ouvrages plus détaillés et remplissant mieux leur cahier des charges.

Lyrik
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le 5 avr. 2018

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