Il est vraiment difficile de ne pas aimer L'art de ne pas dire. L'expression est limpide, élégante, pleine d'humour, et, plus encore : extrêmement utile.
Par son petit détour tenant plus du prétexte que de l'inspiration, Clément Viktorovitch nous emmène ici dans les coulisses de la politique. Non pas dans les réunions ministérielles, les briefings et les coins sombres de la corruption, mais là où sont façonnés les éléments de langage, les concepts vides de sens et fédérateurs, et les programmes d'élections où tout est promis pour tout le monde sans que jamais rien ne soit dit.
C'est un ouvrage en ce sens d'une importance capitale pour notre société actuelle : un ouvrage éducatif, un ouvrage d'apprentissage au recul, à la mise à distance du langage. Moi-même, j'en donne un passage à mes élèves de première, en guise d'objet d'étude.
On pourrait, ce me semble - à mon humble sens - se permettre une unique critique : que l'ouvrage n'aille pas plus loin, que la critique ne soit pas plus violente, pas plus radicale, au sens étymologique du terme. Car on sait Clément Viktorovitch capable d'aller bien plus loin dans ses analyses, d'être encore plus profond et en cela capable de projections bien plus fines et impressionnantes. Je comprends, bien évidemment, que la forme de la pièce de théâtre n'était certainement pas propice à ce genre de travail - encore moins le seul en scène. Mais, à tout prendre, cette critique montre la qualité du travail : en en faisant peut-être pas assez, l'ouvrage donne au public l'envie d'en savoir plus. Ce qui confirme, s'il le fallait encore, que Clément Viktorovitch s'impose, à lui tout seul, comme une véritable force politique dans une démocratie (ou une logocratie ?) qui en a grandement besoin...