Le visage immortel de la résistance

Il est difficile de qualifier l’émotion que je ressens après la lecture de ce que je considère comme l’une des autobiographies les plus importantes et utiles qui soit.

Pour la cause évidemment, mais d’abord d’un point de vue profondément humain. L’histoire personnelle de Malcolm X, c’est d’abord l’illustration crue de la facile dérive dans laquelle sont entraînés tous les jeunes laissés sur le banc de la société, cédant consciemment ou non à la fatalité promise par leur condition : la perpétuation et l’enfoncement en avant dans la pauvreté, la délinquance, la toxicomanie et la misère morale.

L’histoire de Malcolm X, c’est l’histoire d’un réveil. Le réveil d’un Homme qui se décide à se prendre en main, à s’élever intellectuellement, spirituellement et à regarder en face la réalité de la vie d’un noir dans l’Amérique ségrégationniste des années 60. Le réveil d’un homme qui s’indigne de la crédulité de ses semblables aux fausses promesses de l’Amérique blanche. Le réveil d’un Homme qui comprend, peut-être avant tous les activistes de la cause noire que le pacifisme et la capacité à aimer sont des forces bien insuffisantes pour obtenir l’émancipation d’un peuple : celle-ci s’arrache et s’exige avec force. Pas la force agressive que l’on diffuse aveuglement sur l’autre, mais celle qui agit en contre-poids d’une force - souvent supérieure - exercée sur nous-même. Malcolm X, c’est le visage immortel de la résistance.