Ainsi va le capitalisme

[Critique très rapide, appelant à de nombreux approfondissements]

Le progrès n'est ni linéaire, ni provoqué par de grands bouleversements : il se fait lentement, par à-coups et prises de conscience, à l'échelle individuelle par exemple. En sortant de la lecture de cette enquête, qui se présente sous la forme d'un récit haletant, on est en droit de penser que plus d'un.e changera ses habitudes alimentaires.

La tomate d'industrie n'est pas la tomate que l'on trouve au supermarché, au marché, ou plus rarement dans son jardin. C'est une création génétique pensée pour être rentable et résistante. C'est elle qui est présente dans les ketchups, sauces tomate, concentrés de tomate, jus de tomate. Nous la mangeons donc sur chaque pizza ou dans chaque burger.

Ne voulant pas empiéter sur les révélations et développements du livre, je me contenterai ici de pointer le scandale éthique, écologique, social, économique que porte en son cœur la tomate d'industrie, et ce de sa production à grand renfort de pesticides et de travail d'enfants en Chine jusqu'aux montages fiscaux pour la commercialisation en Europe, sans parler du plus écœurant : la vision de l'Afrique comme le point de chute de produits avariés.

Le sujet de ce livre, au-delà de la dénonciation des multiples supercheries touchant consommateur vis-à-vis de la tomate d'industrie, est bien la critique de l'opacité du capitalisme, de ses modes de production puis de commercialisation. Et le plus marquant vient peut-être de la question que l'on se pose à l'issue de cette lecture : "Est-on condamné à être des soutiens-victimes de ce système ?" Car, si le composant "tomate d'industrie" est aussi pernicieux, qu'est-ce qui empêche les autres composants alimentaires de l'être ?