1794
7.4
1794

livre de Pierre Bordage (2006)

Voilà... Une superbe lecture commune de la trilogie, avec BazaR, qui se termine...


J'avoue que je ne sais pas trop comment tourner mon avis.
Un truc à savoir : quand on lit Bordage, il faut toujours, toujours, avoir à l'esprit qu'il y a dans ses écrits ce qu'il sait, ce qu'il a découvert, ce qu'il "croit", à savoir une dimension spirituelle prégnante et indissociable de son oeuvre.
Cependant, Bordage n'ignore rien de la nature humaine, et de sa grande bêtise, sa grande inhumanité.


C'est ce mix étonnant dans ses livres que j'adore. Cette capacité à voir (et à décrire), avec une grande lucidité, les pires moments du mal en l'Homme, et à toujours croire une rédemption possible.


Car c'est de cela qu'il s'agit dans ce troisième tome. Il nous raconte la découverte essentielle d'Emile, la découverte essentielle de Cornuaud (que je ne spoilerai pas), à l'opposé l'une de l'autre, au plus profond de la plus profonde horreur, la guerre CIVILE de Vendée, français contre français, le massacre organisé, la folie, la perversité, le mal faits hommes.


Le final n'est pas décevant. Il est bouleversant. Il est plein d'espoir. Il est plein de la foi de l'auteur (monsieur Bordage, je vous aime) en l'homme, en sa capacité à changer, finalement, même si c'est au bord du gouffre, en déséquilibre, à deux doigts de tomber dans l'abysse (à la Nietzsche). Il est plein d'humanisme. Les monstres sont nombreux, oui. le mal est en chacun de nous, oui. Ceux qui le nient se mentent. Ceux qui se croient au dessus des autres, se mentent. Ceux qui s'imaginent meilleurs que les autres, se mentent. Nous avons tous notre part d'ombre.
Ceux qui ne veulent pas l'admettre, n'ont, au final, aucune chance de grandir, de changer, de comprendre ce qui nous relie tous.
C'est fort dommage pour eux. Et d'une parce qu'ils ne peuvent pas toucher du doigt le grand talent de Bordage, et de deux, parce qu'il ne se donnent pas les moyens d'évoluer. Mais ceci est leur affaire... Revenons donc à nos moutons (noirs...).


Ce livre est un monceau de merde humaine, il n'y a pas d'autre mot (les prémices de la Shoa, de fait. Entièrement vrais. Il n'a rien inventé.). Les extraits que mon ami BazaR et moi-même avons mis sur Babelio ne donnent sans doute pas très envie de le lire... Bordage est resté au plus près de la réalité de cette guerre, inhumaine comme toutes les guerres. J'ai eu lu "Waterloo" de Cornwell et ne l'ait pas supporté. Il ne fait qu'y décrire l'horreur... Si j'ai pu le supporter avec Bordage, c'est justement grâce à cette foi en l'homme qui rend l'inhumanité supportable. Sans cet espérance, sans cette lueur au bout du tunnel, sans cette possibilité de rédemption, on est bons pour se tirer une balle... Tous ne veulent pas la rédemption, c'est même une minorité de gens qui courent après, mais ceux-là, même s'ils ne sont qu'une poignée, qu'un sur un million, ils donnent l'espoir.


C'est ce message-là, que Bordage tente de nous faire passer dans ses livres. Le fantastique n'est qu'un prétexte à matérialiser ce qu'il veut dire. Que ceux qui ont des oreilles entendent. Pour les autres, il n'y a rien à faire, de toute façon...


J'ai entendu, et comme de bien entendu, le message tombait pile poil pour moi. Merci encore, m. Bordage. Vous êtes un grand monsieur.

Valerie_Freefounette
10

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Créée

le 19 janv. 2019

Critique lue 98 fois

Valerie Tatooa

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