Je referme ce roman avec un pincement au cœur. L’Enseveli ne m’a pas seulement raconté une histoire, il m’a accompagnée. Si les cinquante premières pages m’ont semblé un peu lentes, une fois entrée dans le récit, j’ai été happée. Et j’ai lu d’une traite, bouleversée par la pudeur, la sincérité et la lumière que Valérie Paturaud fait surgir au cœur de l’horreur.
Le roman s’ouvre dans les tranchées du nord de la France, en pleine Première Guerre mondiale. Abel, ouvrier dans le civil, sauve un camarade à moitié enseveli dans un cratère d’obus. Puis vient le noir. À son réveil dans un hôpital militaire, Abel découvre qu’il a été gravement blessé. Son voisin de lit, défiguré, est l’homme qu’il a sauvé : Adrien, un médecin, officier, issu d’un tout autre monde. Abel ne dit rien. Une amitié naît pourtant, fragile, silencieuse, née d’un besoin d’humanité plus fort que les classes sociales ou les grades militaires.
Valérie Paturaud raconte cette relation avec sobriété, à travers les pensées d’Abel, les souvenirs de guerre, les lettres, les silences. Le récit est fluide, sans pathos excessif, mais porté par une émotion discrète et constante. On sent le respect de l’autrice pour ses personnages, et pour cette mémoire collective trop souvent oubliée.
Ce n’est pas un roman qui cherche l’effet ou le spectaculaire. Certains lui reprocheront un certain classicisme, un déroulé un peu attendu. Mais moi, j’y ai trouvé un équilibre rare entre authenticité et retenue. Ce n’est pas tant la guerre qu’on lit ici, mais ce qu’elle révèle de l’humain : la souffrance, la solidarité, la résilience.
L’Enseveli est un roman simple mais profondément humain. Un récit de fraternité né dans la boue et le sang, qui nous rappelle que parfois, dans les pires ténèbres, une lumière subsiste.
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