Cet ouvrage est le troisième que j'ai acheté suite au visionnage d'une émission sur YouTube, et le deuxième que je lis, après Le Président absolu de Philippe Fabry.
À ma connaissance, Hannah Rommée, une illustre inconnue, n'a rien publié d'autre. On ne sait trop comment, elle a pu présenter son travail, auto-édité et publié par Amazon (donc sans publicité et avec une diffusion relativement limitée), dans l'une des émissions de Radio Athéna. Dans l'émission, il est dit plusieurs fois que ce livre se lit très vite. Du haut de ses 82 pages, c'est effectivement le cas, j'ai mis seulement 1h30 à le lire. Par contre, son prix me semble un peu trop injustifié, une remarque que j'avais déjà faite pour une biographie de Madame Élisabeth, même si c'était encore pire pour cet ouvrage-là.

Son livre débute par un certain rapprochement avec ses consœurs : une femme s'adresse aux femmes. Elle y raconte son parcours, ses ambitions, ses échanges avec le milieu féministe, etc. Des liens féminins s'en dégagent, et pour s'en convaincre, une lecture attentive du style adopté par l'auteur est possible : un style très oral, comme dans une discussion face à face. En réalité, l'ouvrage est tout autant utile pour un homme, particulièrement sur quelques questions spécifiques qui leurs sont dédiées, mais l'impression première n'est pas celle-là. Et c'est excellent.

Les trois premiers chapitres font état de la question, de ce qu'est le féminisme contemporain et de ses manifestations. En bref, il ne s'agit que de banalités, mais qu'il n'est pas nul de répéter. Je partage presque totalement son analyse, particulièrement ses propos sur l'utilisation capitaliste du féminisme, que je trouve trop peu dénoncés.

C'est au chapitre IV que l'expertise de psychologue de l'auteur fait enfin son apparition. Présentée sur la quatrième de couverture, il aurait été incongru qu'une telle analyse ne soit pas présente. Et là, j'avoue avoir été surpris, non pas pour avoir dit les termes comme cela est le cas depuis le début du bouquin, mais pour avoir pris un angle inédit.

J'ai pu aussi remarquer de nombreuses piques sarcastiques, qui m'ont fait beaucoup rire. Le problème, c'est qu'il faut comprendre qu'il s'agit de sarcasme, ce qui n'est pas évident si nous sommes en contradiction ou le cul entre deux chaises avec les idées déployées dans le livre.

J'ai noté deux énormes défauts dans ce petit ouvrage.
Premièrement, le nombre important de fautes d'orthographes et de syntaxe. Le pire étant que certains mots sont parfois bien orthographiés à d'autres moments, comme "gré". Le tout reste très lisible cela dit. Je ne relèverai pas l'utilisation abusive de la réforme de 1990, cocasse chez quelqu'un qui ne féminise pas le nom de son métier.
Le second gros défaut, c'est l'absence totale de sources. Si je me plaignais déjà de cela chez Fabry, qui en avait tout de même mis cinq, il n'y en a ici aucune. La chose est même pire : Rommée nous suggère de nous renseigner par nous-mêmes. A priori, quand on dit quelque chose, on essaie de prouver son propos, pas de dire aux autres de le faire à notre place. Même quelques exemples mal normés auraient pu donner un peu plus de crédit. Je peux être moins critique au chapitre IV, dans lequel les analyses psychologiques ne sont pas sourcées, car je doute qu'un psychologue en consultation les donne, mais je trouve cela assez gonflé de nous suggérer de chercher nous-mêmes sans nous donner au minimum quelques pistes pour aller plus loin, si ce n'est un thème ou deux.

J'y ajoute un troisième défaut, mineur, mais notable : un manque de définition des termes ou d'approfondissement de certains thèmes. Par exemple, la question des femmes se qualifiant de féministes, mais opposées au type de féminisme décrit dans l'ouvrage, n'est absolument pas abordée ; ou encore, le terme "hommes féministe" n'est jamais évoqué, même si la question du rapport des hommes au féminisme est vue.

Pour ma note, j'hésite beaucoup, elle oscille entre 5 et 8, donc 6 me paraît judicieux. Ce petit livre accessible souffre d'un manque évident de relecture (visible dès le sommaire) mais surtout d'une bibliographie. Cependant, les touches d'humour et le propos en lui-même sont intéressants, même si ce dernier est peut-être un peu trop banal, ce qui n'est pas nécessairement une mauvaise chose. Il n'ira pas convaincre le cosmopolite moyen, mais pourra conforter ceux qui sont contre ces idées en leur donnant des arguments de poids ; et pourra donner de la réflexion à ceux qui se posent des questions, ce qui n'est pas négligeable.

J'aimerais revoir Hannah Rommée écrire, mais en espérant qu'elle corrige les deux gros défauts de son bouquin, quitte à faire plus long.

Clabox
6
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le 14 avr. 2023

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