Dans un système solaire colonisé et partagé entre différents pouvoirs (la Terre, Mars, la ceinture d’astéroïdes), Jim Holden, second d’un vaisseau transporteur de glace, voit celui-ci détruit par un appareil camouflé alors qu’à bord d’une navette il explore l’épave d’un autre vaisseau. Signalant à la radio la destruction et la découverte d’une pièce d’équipement d’origine martienne, il déclenche à son insu une guerre interplanétaire. De son coté, Miller, un flic de la station spatiale Cérès est chargé de retrouver Julie Mao, la fille d’un couple riche, qui aurait rejoint l’APE, un groupe rebelle.

Avec le premier tome de cette longue saga (le 4e vient de sortir aux USA) la collection Exofictions attaque le cœur du genre : le space opera. Batailles spatiales, conspirations, trahisons, hommes forts mais un peu stupides, femmes intelligentes qui se languissent... Rien ne manque pour faire de L’éveil du Léviathan un véritable page-turner qui se lit pratiquement d’une traite malgré ses 600 pages bien remplies. L’auteur (ou plutôt les auteurs, puisque James SA Corey est le pseudonyme de deux écrivains) maitrise parfaitement les codes, au point qu’on se croirait revenu à l’âge d’or de la SF, aux space opera comme on en écrivait voici 40 ou 50 ans. C’est aussi le principal point faible de l’œuvre : le monde et la science-fiction ont évolué depuis, le cyberpunk est passé par là, mais cela ne semble pas avoir touché ce roman. Si Peter F. Hamilton, dans l’Aube de la nuit, avait su intelligemment intégrer des éléments nouveaux au space opera comme le transhumanisme, cela effleure à peine ce premier tome qui se garde bien de toute innovation. De même les personnages sont des archétypes du récit d’action : le capitaine fort et impulsif, le vieux militaire à la recherche de la rédemption, le flic célibataire qui a raté sa vie mais qui compte se sublimer sur sa dernière et improbable mission ; nous sommes loin des personnalités complexes produites par un auteur comme Iain Banks par exemple.

Loin de renouveler le genre, il faut prendre l’Eveil du Leviathan pour ce qu’il est : une geste spatiale divertissante et réussie, un roman d’aventures sans temps morts.
rmd
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le 26 juin 2014

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