L'identité à la dérive...

L'homme traqué de Daniel Guebel a quelque chose de l'écriture ultime. Totale. Débridée. Une dérive narrative prétexte à une langue virtuose, sophistiquée, élégante. Evidente.

Imaginez le point de départ : Un homme, révolutionnaire, subversif, fuit pour échapper aux services secrets de l'Etat qui tentent de l'éliminer. Ainsi Ferretti, notre "homme traqué", pour disparaître, brouiller les pistes, va se faire cloner, changer de sexe, se faire avaler par une huître géante, usurper l'identité d'un acteur célèbre et tomber amoureux à quelques reprises...

L'homme traqué est un récit imprévisible, une dérive fantasmagorique, extrêmement drôle, pathétique et violente. Excessif en tout, débordant d'imagination, Daniel Guebel déploie sous une forme exubérante une vrai réflexion sur la norme et la perception complexe de l'identité. C'est une œuvre inclassable d'un grand écrivain argentin qui semble chercher à retrouver quelque chose de l'essence même de la création littéraire. Une création qui se veut profonde et farouchement libre.