Ma lecture a été réalisée sur la nouvelle édition Bragelonne avec la traduction de Sonia Quémener.
Cette nouvelle est l'une des meilleures parmi celles que j'ai lues de Lovecraft.
Elle s'interpose entre 2 nouvelles très similaires et LE roman de Lovecraft. Plus que L'Appel de Cthulhu, La Couleur tombée du ciel ou l'Affaire Charles Dexter Ward, elle synthétise à merveille le talent de l'écrivain :
- un récit qui nous replace dans des événements antérieurs et passés sous silence,
- des atmosphères ténébreuses palpables,
- la découverte de savoirs interdits,
- une lutte qui s'en suit entre les sciences occultes et les sciences académiques,
- à l'arrivée, une civilisation en danger et sauvée par ce que l'Occident offre de meilleur : des détenteurs du savoir chevronnés et bienveillants (médecins, bibliothécaires, chimistes etc.).
La nouvelle nous propose également la notion de monstruosité selon l'écrivain.
- le narrateur nous décrit des créatures à l'aspect plus ou moins humain ;
- Lovecraft met surtout en scène des thèmes qui lui sont chers et pas vraiment politiquement corrects.
Le Necronomicon en est la pierre angulaire et - comme l'orient - l'auteur est attiré autant qu'il méprise les "civilisations exotiques". HP Lovecraft peut être aisément taxé de raciste.
De même, l'écrivain associe volontiers (et très longuement !) monstruosité, paysannerie inculte de la Nouvelle Angleterre, inceste et autres mœurs dégénérés (re-sic).
Les récits de Lovecraft sont donc presque le reflet d'une époque, comme la banderole de "hooligans de foot parisiens" qui affichait honteusement en 2008 "Pédophiles, chômeurs, consanguins, bienvenue chez les Ch'tis".
En résumé, une nouvelle indispensable pour découvrir l'oeuvre de Lovecraft, son époque et le mythe de Cthulhu.