Une fin qui a déjà débuté, mais qui peut encore largement se limiter

Retenons des points qui m'ont paru important : à 4°C de réchauffement climatique, 75% de la population mondiale sera en situation de précarité alimentaire du fait de la diminution des surfaces agricoles.
La première pénurie grave va être celle du phosphore qui contrairement au pétrole est indispensable notamment à l'agriculture (qui me parait plus grave que les métaux rares pour les téléphones ou le pétrole pour les voitures).
Tous les chiffres que vous avez pu voir sur l'élevage sont très sous-évalués : nécessitant 83% des surfaces agricoles mondiales, il serait donc le premier responsable de la déforestation et du réchauffement climatique.
L'eau, le sucre, le café et le chocolat font également l'objet de rappel sur le danger que représentent ces cultures (même si pour les deux derniers, les enjeux post-coloniaux ne sont pas suffisamment abordés, mais on peut croire que la voracité capitaliste est la source de la colonisation d'hier aussi bien que du pillage des matières premières ou agricoles d'aujourd'hui).
Les biocarburants n'ont pour l'instant que peu de valeur écologique et dans le domaine de l'électrique, seule les batteries sodium-ion ont un intérêt (car le sodium contrairement au lithium par exemple est abondant).

Dans le forme, Fred Vargas nous livre un ouvrage de faits et d'arguments exempts donc de débats ou de discussions, mais pour rappel, dans le monde scientifique, les dégâts des désordres climatiques ne font plus l'objet de discussions mais bel et bien d'un consensus.

Quelques reproches cependant :
Comme souvent, on est confrontés à un amalgame sur les raisons qui devraient nous pousser à changer nos comportements, ainsi les raisons invoquées relevant de notre santé à nous petits bourgeois occidentaux m'insupportent profondément ( prenons l'exemple de l'eau : évidemment vous buvez de l'eau du robinet parce que vous ne voulez pas intoxiquer les poissons avec les résidus de vos bouteilles en plastiques, non parce qu'elle est plus contrôlée que l'eau minérale en bouteille n'est-ce pas? )
Afin de rendre la lecture pas complètement anxiogène, l'auteure nous propose son censeur/IA, il est un peu insupportable, mais on comprend le besoin de relâcher la pression dans cette difficile lecture.
Ce qui nous amène sans doute à un autre problème d'ordre pédagogique : le texte et les chiffres se retiennent mal alors que des schémas ou des cartes auraient bien plus de valeur ( la disparition de 300 milliards de tonne de glace chaque année ne représentent rien dans l'esprit de personne). Doté d'un bagage scientifique, je ne suis pas insupporté par les graphiques qui illustrent bien les évolutions, navré confrères littéraires, mais on en aurait aimé plus dans cette lecture.