L'Immortalité
7.9
L'Immortalité

livre de Milan Kundera (1993)

Peut-être temps de passer à autre chose...

Comme tous les livres de kundera, je l'ai quasi lu d'une traite mais j'avais déjà lu la première partie quelques semaines auparavant. Première partie qui m'avait absolument réjoui, ça semblait être le roman le plus radical de kundera, le nom annonçait des réflexions profondes, je m'imaginais commencer mon futur roman préféré de l'auteur et puis...

Et puis bah j'ai pas vraiment aimé. J'ai mis du temps à m'en rendre compte et à disons l'assumer mais je le trouve véritablement très inférieur à tous les autres que j'ai lu. En gros je trouve qu'il psychologise plus frontalement en narration externe que d'habitude (laissant moins de place à ces moments où j'ai l'impression de discerner les personnages à travers les lignes grâce aux situations à la place que me laissent leurs phrases et les petits conflits intérieurs que les personnages ont). tout est un peu mécanique, je vois que ça ressemble aux autre en vérité mais j'ai l'impression de lire une copie qui n'aurait copié que le stylé sans le comprendre.

Je me suis pas fondamentalement ennuyé, ça se lit toujours bien mais ça ne m'a jamais passionné. J'ai quand même corné pas mal de pages que j'ai trouvé sympa mais l'ensemble ne me marque pas.

Pourtant y avait de quoi faire, sur le principe c'est effectivement une sorte d'oeuvre somme, kundera nous parle directement, commente son propre livre en direct, fait des digressions historiques et musicales (c'est vraiment ce qui m'a le moins le plus, toute l'intrigue avec goethe franchement je dors), il développe des réflexions (que j'ai trouvé assez pauvres dans l'immense majorité des cas, je l'ai trouvé un peu lourd avec le communisme, l'imagologie), c'est toujours assez incisif ce point d'ailleurs mais sans être en désaccord je trouve ça juste plat et j'ai l'impression de voir un vieux type essayer de faire l'intello (un prétentieux quoi oui je dis le mot). Il a aussi un flou conséquent sur la narration et c'est le point le plus interressant, on part d'abord sur une histoire totalement inventée pour au final rencontrer dans la réalité quasiment tous les personnages dont il était question (sauf agnès), on ne sait donc pas ce qui est inventé ou pas. La chronologie aussi est étrange et je parle pas de nous annoncé la mort d'agnes comme si de rien était pour ensuite revenir sur les événements, je parle des transitions super abruptes entre les sous chapitres qui mettent sur la même ligne des événements qui n'ont rien à voir (qui finissent par se rejoindre dans leurs personnages). ya aussi la question de rubens qui baise avec agnes comme la meuf de l'histoire de goethe alors qu'a priori il y a un gros décalage temporel entre les deux. Ya donc un mélange de plein de truc, ce n'est effectivement pas "racontable" comme le voulait kundera, différents éléments se répondent au fur et à mesure, ça ne se serait pas possible en film.

CEPENDANT, je trouve que ça ne marche pas très bien. Premièrement car la réflexion sur l'immortalité qui est censé unir laura et agnes n'est finalement pas très très développée, franchement j'en attendais plus (pour en finir avec cette question, j'aime bien celle des différents hasard, qui m'avait déjà plu dans l'insoutenable...). Clairement l'idée est de les opposer, que se soit par les schémas avec les flèches, leur utilisation des lunettes. Mais elles sont aussi censé se servir l'une l'autre quand laura finit à paul. Mais déjà on parle à peine de la situation laura/paul alors que la relation agnes/paul à pu être sympa au début dans cet aveu de ne pas revivre ensemble, la caresse dans les cheveux, l'illusion de l'amour. Mais surtout, je ne crois pas aux personnages, ça revient un peu à ce que je disais avant mais là je sens vraiment le côté "histoire". D'un côté, je l'oubliais pas vraiment dans les autres romans de K, ce que je veux dire c'est que qu'ils ne me semblent pas exister au delà des mots. Donc je vois juste des instruments pour étayer une supposée thèse inintéressante. Ya que leur père qui existe à mes yeux à travers sa solitude imaginée qu'on devine, le secret sur les comptes en suisse. C'est finalement un personnage qu'on voit peu qui m'intéresse le plus car il échappe à cette esbroufe sur l'immortalité et la narration de Kundera qui, sans que la trouve mauvaise, à fini par me sembler terriblement vaine, je n'y vois pas la liberté que j'avais adoré dans la plaisanterie par exemple.


J'aime bien la partie 6 par contre, cette sorte de parenthèse ressemble vachement à ce que K à fait avant, ça parle que de cul, on y retrouve le côté pathétique, vain de la vie (un peu absent dans le reste à part avec le père) que j'aime particulièrement. ça me semblait moins de concepts à la con sur les meufs que dans les autres parties (son sexisme commence à me déranger parce que vraiment des fois ça m'apparait vraiment gratuit et éloigné de ce que des vrais gens (moi) pourraient penser, bref du pur sexisme, pas une pensée sexiste qui pourrait se justifier par la subjectivité d'un personnage comme pour la plaisanterie)


Quelques mots maintenant sur l'histoire avec goethe, en gros j'ai pas compris l'intérêt, le passage de discussion avec hemingway volontairement méta notamment, vraiment je trouve ça juste banal. Je ne trouve aucune beauté ni d'intérêt dans la quête de bettina. Apparemment c'est censé être historique, soit, mais pourquoi ? illustrer le délire sur l'immortaltié ? ok mais c'est plat. Vraiment une douche froide la partie 2. même si en relisant la partie 1, elle m'avait aussi moins plu que la première fois.


A part ça, j'aime quand même le personnage d'agnes qui reste assez inaccessible, sa mort en particulier, le passage sur sa solitude pendant ses voyages en suisse est un des highlights du roman.


Ce roman est donc une grande déception, il reprend quelques éléments de l'insoutenable... (rubens ressemble un peu à thomas je crois, ya un peu le même procédé narratif que pour la mort d'agnes). Dans la partie 5 il dit qu'il c'était trompé de titre qu'il devrait s'appliquer à la partie 6, je m'attendais donc à mieux, à revenir sur la question ou y répondre tout autrement. Peut-être est ce le cas, en tout cas j'ai pas vu. Il dit dans la 5 que le problème c'est de soutenir son "moi", je trouvais ça interressant mais visiblement moins que lui.

Je reconnais l'intérêt d'avoir poussé plus loin sa narration, dommage que ça ai empiété sur le reste (après j'avais déjà pas trop saisi la fin de l'identité, c'est peut-être juste moi, vu les critiques sur ce site). ça reste ok à lire, quelques moment sympas mais clairement pas d'émotion pour ma part.

Malheuresement, je ne peux plus dire que Kundera est le goat désormais et ça me rend un peu triste.

Ceci dit, j'écris ça à chaud juste après l'avoir fini, je n'ai pas poussé la réflexion spécialement, je n'ai pas le recul que j'ai sur les autres livres, c'est possible que je revienne dessus, plus tard.

Possible aussi que j'ai juste grandi depuis mes premières lectures de kundera, j'ai lu d'autres choses, je me rends compte qu'il n'était (évidemment) pas indépassable, je comptais tout lire de lui mais il est peut-être simplement temps de passer à autre chose...



Laiospeps
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste 2025 : tâchons d'entrer dans la mort les yeux ouverts

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le 17 juin 2025

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