C’est la confession d’un homme qui a tiré deux balles dans la tête de son père, lequel était déjà mort. Toute la question est de savoir pourquoi en est-il arrivé à cet acte singulier. C’est auprès d’un psy que ce personnage va chercher à s'expliquer sur le chemin qui l’a conduit à la haine de son père. On va assez vite comprendre, au fil des confidences et des arrêts sur mémoire, qu’un tel père ne méritait pas mieux. Les blessures de l’enfance sont irréparables.

Ce roman plutôt noir, où l’eau, sous toutes ses formes, ne cesse jamais de couler, possède un ton mélancolique, comme souvent le sont les héros de Jean-Paul Dubois. Mais ici on s’ennuie un peu. La déprime nous gagnerait-elle ? La question que je me pose, et dont la réponse m'aurait hautement et autrement intéressé, c'est : mais qu'est-ce qui a rendu son père si furieusement méchant ? L'auteur n'y répond pas. Mais il trouve tout de même une issue à son héros mélancolique.

Celui-ci trouvera (peut-être définitivement ?) de l’espoir et de la consolation dans la rencontre d’un chien.

Comme l’écrivait Kundera : « Les chiens sont notre lien avec le Paradis. Ils ne connaissent pas le mal, la jalousie ou le mécontentement. S’asseoir avec un chien sur une colline par un après-midi radieux, c’est se retrouver au Paradis, où ne rien faire n’était pas ennuyeux, c’était la paix. »

A noter dans ce roman, l’apparition plus ou moins incongrue de la prière de « Blade Runner » (version 1982), celle de Rutger Hauer, alias Roy Batty, sous une pluie battante (ce qui semble se justifier dans ce livre tout en eaux et en averses) :

« J'ai vu des choses que vous, humains, ne pourriez croire... Des navires de guerre en feu, surgissant de l'épaule d'Orion... J'ai regardé des rayons C briller dans l'obscurité, près de la Porte de Tannhäuser... Tous ces moments se perdront dans le temps... comme... les larmes dans la pluie... Il est temps de mourir. »

Disons-le tout de même : il y a mieux à lire chez Jean-Paul Dubois.

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le 3 juil. 2025

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Philippe Erbs

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