Claire et Yves sont ingénieurs dans le nucléaire. Ils participent à des projets industriels démesurés. Le début du film donne la dimension des ambitions et montre bien la responsabilité des ingénieurs et autres décideurs, l’importance des décisions prises, la difficulté à les concilier, les projections dans le temps…
Le métier de Claire et Yves les amène, tous les deux, en Angleterre où ils en profitent pour visiter la « National Gallery », laquelle contient une salle uniquement dédiée aux œuvres de Rembrandt. Claire est fascinée par ces tableaux, elle est comme hypnotisée et happée, au point d’embrasser un de ces tableaux ("vieil homme sur un fauteuil") et d'en tomber en syncope. Dès lors, Claire ne sera plus la même. Elle se désagrège et entame une remise en cause professionnelle et privée, comme une sortie de route, elle bifurque vers autre chose.
Le problème de ce film c’est que jamais nous ne comprenons vraiment cette autre chose… sans compter que rien ne nous est indiqué sur le « pourquoi Rembrandt ». De quoi la peinture de Rembrandt est-elle révélatrice ? Touchée par la Grâce, Claire ? Révélation mystique ?
Claire se tait, ne répond pas quand on l’interroge ("Mais tu vas parler, oui ?"). Ça n’aide pas le spectateur… On s'embourbe, comme le film qui ne sait plus quelle route prendre : A-t-on affaire à un film anti-nucléaire, une interrogation sur la durabilité et la solidité des centrales face aux évènements climatiques à venir ? Est-on en face d’un film sur la durabilité d’un couple quand l’un des deux rompt les amarres ? Est-ce une réflexion sur l’arrogance humaine (l’Hubris) face à la nature toute puissante (Gaïa) ? Sur l’incertitude ? Sur la force de l’Art face à la Science ? Une interrogation sur les échelles humaine et temporelle ?
Le film survole un peu tout cela, sans jamais rien traiter en profondeur et ce n’est pas les errances au fil de l’eau (de) Claire qui vont nous aider (Que de fois j’ai eu envie de la secouer !) : ainsi quand elle démolit à coups de pic le compteur et le disjoncteur électrique et qu’elle donne comme explication : « pour mettre fin à ses souffrances ». La voilà s’éclairant aux bougies (la caricature même que l’on se fait du retour à la terre !) ; ici quelques images, qui jouent sur le clair-obscur, plus proches du peintre George de La Tour que de Rembrandt, soit-dit en passant…
Et puis cet agaçant secret du mot révélateur qu’elle aurait eu de sa symbiose avec Rembrandt, ce mot qu’elle ne veut pas dire et qu’elle finira par écrire ! Je vous laisse le découvrir pour celles et ceux qui iront voir le film… Ne vous attendez cependant pas à grand-chose… Pas de quoi faire une sortie de route.