Il se fai gran brui dans la Press dé réform ortografic don M. Grear sé fai le champion e ke l’akademi francése a voté dans un de sé dernière séance.
Après un déba trè vif, dan lequel M. le duc d’Aumale a ronpu dé lanse pour le mentien du statu ko, le scrutin na doné ke deu voi de majorité sur dis académicien présan.
Le Figaro, 29 juillet ... 1893 !
De tout temps, les réformes de l’orthographe ont eu leurs détracteurs et suscité moqueries ou pamphlets. Chacune d’entre elles a apporté son lot de changements ou abrogé des inepties qui avaient été décidées lors de la réforme précédente. Ainsi, en 1893, Gréard, dont il est question plus haut, préconisait d’écrire blasfème et fleurter...
Entre les anciens et les modernes, la bataille a souvent été rude, et ce depuis le XVIIe siècle. Selon les académiciens de 1635, Madame de Sévigné et Pascal adoptaient la graphie des ignorans et des simples femmes. Chateaubriand a continué à écrire les parens et les enfans , même lorqu’en 1835, l’Académie a décidé de moderniser le pluriel de ces mots. Et la Revue des Deux Mondes a gardé jusque ... 1920 la graphie oi pour ai (moi, je connois le françois) alors que Voltaire et même Racine l’avaient déjà contestée des siècles auparavant.
Autant tordre le cou aux mythes : eh non, l’orthographe n’est pas le témoin d’une étymologie qui nous viendrait du fond des âges : ainsi, l’intérêt pour d’anciennes graphies avec surabondance de lettres étymologiques ne s’est développé qu'au début du XIXe siècle. Avec parfois, des errements coupables, comme dans le cas de nénufar, écrit de la sorte dans toutes les éditions du Dictionnaire de l’Académie jusqu’en 1935, date à laquelle il est devenu nénuphar par erreur d'étymologie.
Chaque nouvelle édition du Dictionnaire s’accompagne de réformes orthographiques. Celle de 1990 dont il est abondamment question ces jours-ci n’est ni la première ni la dernière. Depuis toujours, l’orthographe évolue, signe que la langue est bien vivante. Il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas admettre qu’il faille la toiletter de temps en temps.
[Note : Cette « critique » ( plutôt un résumé, en fait ) et la note ne portent que sur le premier tiers du livre, qui me parait apporter un éclairage intéressant sur un problème d’actualité.]