Ce roman de William Kotzwinkle intrigue dès le titre. Cette parodie de la formule féministe donne le sujet du livre de manière précise tout en exprimant le ton de l’ouvrage. Mais le titre original ne s’en rapproche même pas de près (The Bear went over the mountain) Cela pose immédiatement la question de l’influence de la traduction dans l’appréciation d’un texte d’origine étrangère. Si le titre et la couverture m’ont plu, j’ai eu du mal avec les cent premières pages. Aucun personnage n’est véritablement particulier. L’ours n’influence que partiellement le cours des choses et largement aidé par l’incompréhension totale de ses nouveaux amis les humains, le rythme est lent et l’intrigue semble se répéter. L’humour et le sexe prenant une place parfois disproportionné avec la satyre du monde littéraire. Je me suis dit à plusieurs reprises, "ce livre n’est pas mauvais, il est même très intéressant, mais il n’est pas fait pour moi."
L’absurde est poussé jusqu’au bout, car aucun humain ne verra jamais l’ours comme un ours. Dans les cent premières pages, on a du mal à l’accepter. Cependant, la fin montre que chaque chapitre avait son utilité. Certaines répétitions donnent un sens fort au dénouement, la lourdeur permet paradoxalement à la scène du procès une fluidité très appréciable. Le lecteur ne peut être déçu en fin de parcours, mais faut-il qu’il y arrive.