Que reste-t-il lorsque l'on termine un livre, qu'on le referme après les dernières lignes ? C'est la question qui m'obsède à chaque lecture. Une histoire ? Des idées ? Des personnages ? Des phrases ? Des images ?
Du récit de Nicolas Bouvier et des dessins de Thierry Vernet, il reste tout ça. Une histoire de voyage, des idées sur les peuples rencontrés, des personnages marquants qui ont croisé leur route, des phrases à la puissance évocatrice puissantes, et surtout des images.
Surtout le bleu, la musique, les montagnes et les villes, la lumière et le désert. La Serbie et le Pakistan, l'Iran, Istanbul. L'usage du monde est de ces livres dont on veut retenir les phrases, les descriptions, l'émotion.
Je retiens le coucher de soleil anatolien, l'auteur s'attend à voir la ville, héritière d'une civilisation ancienne, éclater en sanglot face aux couleurs. « Mais non. Rien. Ils ont dû s'y faire. »
Je retiens la joie : « Moi c'est la gaîté qui m'en impose. »
Je retiens la spontanéité, cet « appoint concret qu'est le déplacement dans l'espace », dont Nicolas Bouvier ne peut pas se passer.
Ce livre est un compagnon, un livre de chevet ou de voyage, dont on savoure les fulgurances de beauté.