La fin de l’été approchant, j’essaie d’engloutir un maximum de lectures avant de repartir dans le train-train quotidien. Après avoir rencontré Camus plus tôt dans l’année avec L’Etranger et la Peste, la Chute devait clôturer cette découverte des principaux romans du prix Nobel de littérature. Et cette lecture vient confirmer le sentiment des deux premières : entre Camus et moi, ça ne prends pas.
Pourtant, il faut bien reconnaître qu’Albert Camus est un virtuose de l’écriture. La prouesse d’un monologue de 150 pages rempli de figures de styles (les oxymores en premier lieu), et d’une densité philosophique monstrueuse, est à saluer. Camus possède un véritable sens du verbe et de la formule : “Pour la modestie, j’étais imbattable” / “J’avais des principes, que la femme des amis était sacrée. Simplement, je cessais, quelques jours avant, d’avoir de l’amitié pour les maris”…
Mais malheureusement, tant de maitrise peut également laisser le lecteur sur le bas-côté. Si le processus est impressionnant, il n’en demeure pas moins complètement assommant. Le narrateur saute d’idées en idées très rapidement, part dans tous les sens, raconte sa vie de manière très complexe et absurde et tient prisonnier son interlocuteur comme le lecteur. Tout le texte est écrit en contradictions : il se dit bon envers les autres pour finalement laisser éclater sa méchanceté. Et à jouer à tout dire et son contraire, on galère à extraire beaucoup de sens du texte. Et finalement, la forme générale du texte m’a sûrement empêcher de bien le comprendre. Mais peut-être n’ai-je pas le bagage intellectuel ou la patience nécessaire pour décortiquer cette froide logorrhée.
Et encore une fois chez Camus, ce stratagème du monologue nous empêche de véritablement croire au personnage. Qui parle 5 soirs d’affilée de telle manière sans laisser parler son interlocuteur ? Comme Meursault, et comme la plupart des protagonistes de La Peste, on ne croit jamais à ce petit avocat misanthrope réfugié à Amsterdam. J’ai du mal à comprendre pourquoi Camus écrivait de la fiction, alors qu’il est sûrement très bon essayiste.
Peut-être que si je relis Camus dans 10 ans, la magie opérera. Mais après 3 petites déceptions de lecture, j’arrête les frais pour l’instant. A plus tard Albert.