Déjà, il y avait eu "Rodéo", de Lola Quivoron, un film fascinant sur le bourgeois gaze, ou comment coller le maximum de clichés sur la banlieue en le moins de temps possible, avec une actrice principale qui a l'air d'avoir appris comment dire "wesh" il y a 5 mns.
Maintenant, il y a la Collision. Paul Gasnier a perdu sa mère, fauchée par un chauffard. Alors, il décide de faire un roman croisé. 2 partie en somme, une sur sa mère, une autre sur son meurtrier.
Pour ce qui est de la première partie, c'est du tire larme tout à fait classique; l'utilisation de l'écriture pour purger un traumatisme avec moult pathos, j'aime pas. Trop narcissique pour être honnête. Le récit de la perte de la mère, c'est vu, revu, et le style de Gasnier est décidément mauvaise, n'est pas Romain Gary qui veut. Mais, si la première partie est anecdotique , la deuxième est digne d’intérêt, car elle, elle dit quelque chose. Sur la bourgeoisie moderne, bien évidemment.
Paul Gasnier, comme Quivoron sont des bourgeois. Il ne comprennent pas la banlieue. Pire, il sont racistes, mais, le bon racisme de gauche, celui de Jules Ferry, celui du Blanc condescendant qui vient auprès des indigènes avec son sourire de con et sa volonté d'apporter la civilisation, parce que, l'indigène, même s'il est un peu teubé, il est gentil malgré tout. Le misérabilisme leur tient lieu d'humanité.
Paul fait donc sa contre enquête sur Said, le meurtrier de sa mère. Paul, il le rappelle, découvre un univers qu'il ne connait pas, et qui pourtant est à deux (littéralement) pas de chez lui. Et pourtant Paul le clame: il est curieux de tout et ouvert au monde, à condition que le monde soit comme lui, à savoir beau, souriant et plein d'esprit. Se rend il compte que sa condescendance est à gerber? Que sa compassion envers des gens auxquels il ne s'est jamais intéressé avant qu'il se découvre un "besoin d'écrire" n'est rien d'autre que de la branlette?
La conclusion de ce bouquin: le meurtrier est aussi une victime, ce n'est pas lui le responsable. Le responsable, c'est l'Etat évidemment raciste, le système, la machine. Ce n'est pas Said qui a décidé de poser son cul sur une moto, ce n'est pas Said qui a fumé son joint, ce n'est pas Said qui a appuyé sur l'accélérateur, nous, c'est nous, collectivement, ou, en tout cas, les Blancs (dévoilons le sous texte hein).
Quelqu'un pourrait il lui expliquer que ce n'est pas parce qu'on est Arabe ou Noir qu'on est con comme une huitre. Que les Said pourrissent la vie du quartier, parce que, Fatima, femme de ménage qui doit se lever à 5 heures du matin pour aller nettoyer les chiottes, apprécie moyennement le bruit des motos débridées qui se déchaine une fois la nuit tombée. Quelqu'un pourrait il lui expliquer que, dans les quartiers, il existe un paquet de gens dignes que les larmes d'un Versaillais de Gauche révulsent?
Tant d'humanisme factice, c'est à vomir.